CIHFE 2025 : Renforcer la mobilisation des ressources intérieures par l’innovation et la technologie en Afrique du Nord

Le Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord a lancé le 11 novembre à Rabat, au Maroc, les travaux de la 40ème réunion du Comité intergouvernemental de hauts fonctionnaires et d’experts pour l’Afrique du Nord (CIHFE 2025), sous le thème : « Renforcer la mobilisation des ressources intérieures par l’innovation et la technologie en Afrique du Nord ».
D’une durée de trois jours, cette réunion statutaire a pour objectif de dresser le bilan des travaux menés par le Bureau de la CEA en Afrique du Nord au cours de l’année écoulée et définir ses priorités pour l’année à venir. Elle offrira par ailleurs aux participants une plateforme d’échange sur les conditions économiques et sociales en Afrique du Nord et mettra l’accent sur la mobilité des ressources intérieures et ses implications stratégiques pour la capacité des pays à élaborer une stratégie de développement résiliente, tout en limitant leur dépendance à des sources de financement externes plus faillibles, telles que l’aide au développement, les IDE ou la dette souveraine.
La mobilité des ressources intérieures est actuellement considérée comme un pilier de l’indépendance budgétaire, crucial pour tracer des trajectoires de développement résilientes. « Une base de recettes intérieures solides minimise la vulnérabilité aux fluctuations de l’aide au développement, des investissements directs étrangers et des cycles de la dette souveraine, offrant ainsi une plus grande stabilité à la planification économique. Une mobilisation des ressources domestiques renforcée est également indispensable pour que les pays puissent promouvoir une croissance inclusive et durable et la création d’emplois, particulièrement pour les jeunes et les femmes. Toutefois, les écarts importants enregistrés au niveau des ratios impôts/PIB entre pays du d’Afrique du Nord, qui varient entre 5 et plus de 25 % du PIB, montrent que nos pays membres ont beaucoup à apprendre les uns des autres dans ce domaine », a déclaré Adam Elhiraika, Directeur du Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord.
Ces revenus intérieurs sont d’autant plus importants pour le développement que, comme indiqué par le Secrétaire général de l’ONU, António Gutiérrez, la hausse du coût du service de la dette impacte des investissements essentiels dans des secteurs tels que l’éducation, la santé ou la résilience climatique. Selon la CNUCED, 3,4 milliards de personnes à travers le monde vivent actuellement dans des pays qui consacrent davantage de ressources au service de la dette qu’à la santé ou à l’éducation, a-t-il ajouté.
« La mobilisation efficiente des ressources nationales exige d’adopter des approches nationales à la fois globales, intégrées et coordonnées, avec des réformes profondes à plusieurs niveaux et secteurs, de la réforme des systèmes fiscaux et budgétaires au développement des marchés financiers, en passant par la formalisation de l’économie informelle, la promotion de l’inclusion financière, le développement et l’appui à l’investissement privé », a déclaré Hicham Talby, Directeur adjoint du Trésor et des Finances extérieures du Maroc, chargé des relations avec l’Afrique et l’Europe.
À ce titre, la technologie et l’innovation peuvent représenter, dans nos pays, un véritable catalyseur. Dans le secteur financier à titre d’illustration, les technologies numériques, telles que la banque mobile, les fintechs, le crowdfunding et les paiements électroniques permettent d’élargir l’inclusion financière, de soutenir les initiatives privées et de réduire la facture de l’économie informelle, a-t-il expliqué.
La transformation digitale, la modernisation des méthodes de gestion et l’amélioration de l’inclusion financière ne sont plus de simples outils techniques : elles sont devenues des leviers stratégiques pour améliorer la productivité, accroître la mobilité des ressources nationales, réduire la corruption et élargir l’assiette fiscale, favorisant ainsi l’équité et la transparence », a déclaré Amina Selmane, Représentante permanente de l’Union du Maghreb arabe auprès de l’Union africaine, dans un discours lu au nom du Secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, Tarak Ben Salem.
Mme Selmane a souligné « l’importance de coordonner les politiques financières et économiques de nos pays afin de renforcer notre pouvoir de négociation aux niveaux régional et international et d’ouvrir la voie au développement de mécanismes maghrébins de financement du développement, tels que des fonds d’investissement conjoints ou des banques régionales de développement ».
Les travaux de la 40ème édition du Comité intergouvernemental de hauts fonctionnaires et d’experts pour l’Afrique du Nord sont dirigés par cette année par Adnene Zrour, Président du CIHFE 2025 et représentant du ministère tunisien des Finances ; S.E. Djoudi Belghit, vice-président et représentant du Consulat général d’Algérie à Casablanca, et Mohammed Ibrahim Abdu Ibrahim, rapporteur, et représentant du ministère égyptien des Finances.
La rencontre se tient avec la participation de fonctionnaires, experts, universitaires, représentants du secteur privé et de la société civile d'Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Mauritanie, Soudan et Tunisie.
Les recommandations du CIHFE 2025 seront soumises à la 58ème session de la Commission économique pour l'Afrique (COM2026), prévue au Maroc au cours du premier trimestre 2026 sous le thème : La croissance par l'innovation : exploiter les données et les technologies de pointe pour la transformation économique de l'Afrique.
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