Les raisons du déclassement de la Tunisie dans le rapport de Davos

Les raisons du déclassement de la Tunisie dans le rapport de Davos

Le déclassement de la Tunisie de huit places dans le rapport du Forum Economique Mondial (WEF) de Davos, sur la compétitivité mondiale, est dû, selon l'expert

économique et financier, Moez Laabidi, à l'instabilité politique et institutionnelle dans le pays et à un manque de visibilité pour les investisseurs.

Le rapport de 2011-2012, publié, le 7 septembre courant, a classé la Tunisie post-révolution à la 40ème place à l'échelle internationale. Le pays a, ainsi, marqué un repli au niveau de 11 piliers sur les 12 retenus dans ce rapport, pour évaluer la compétitivité des économies, dont les institutions, le marché du travail, l'infrastructure et l'enseignement supérieur.

En effet, sur un total de 142 pays, le pays a reculé à la 44ème place dans les domaines de l'efficience du marché des biens, de l'enseignement et de la formation. Il a été classé à la 76ème place en matière du développement du marché financier, à la 58ème position dans "la sophistication des affaires" et au 106ème rang, pour ce qui est de "l'efficience du marché du travail".

Déclassement de la Tunisie en raison de l'activisme syndical

L'expert a expliqué la régression du classement de la Tunisie dans le pilier "institutions" au 41ème rang, par la multiplication des syndicats, l'accroissement des revendications sociales et la suppression de la sous-traitance, autant de facteurs considérés par le rapport de Davos, comme contraires aux intérêts des investisseurs étrangers.

Quant à l'avancement de 4 points de la Tunisie au niveau du pilier "taille du marché" à la 63ème place mondiale, il l'a motivé par l'opportunité qu'offre le pays à l'investisseur étranger, de commercialiser ses produits sur le marché local.  Il a, dans ce cadre, prévu une amélioration de ce classement l'année prochaine, si la situation se stabilise en Libye.

Il a attiré l'attention sur le caractère conjoncturel d'un nombre d'indicateurs relatifs aux institutions, lesquels pourraient être rapidement revus à la hausse, si la situation politique s'améliore.

Pour le cas de secteurs tels que l'enseignement supérieur et la formation, il a estimé nécessaire de leur accorder plus de temps, pour entreprendre des réformes, ce qui ne manquerait pas d'améliorer le classement de la Tunisie dans les prochaines années.

En ce qui concerne les impacts de ce classement sur le flux de l'investissement étranger en Tunisie, M. Laabidi a indiqué que la croissance de l'investissement intérieur et la propension des hommes d'affaires tunisiens à créer des projets, est de nature à inciter les capitaux étrangers à renforcer leur présence en Tunisie, indépendamment des résultats du rapport.

La Tunisie ne peut se contenter, selon lui, d'exploiter exclusivement, les indicateurs positifs du rapport de Davos, mais elle doit, également, prendre en compte, d'autres rapports dont ceux relatifs à la notation souveraine, à l'instar ses investisseurs étrangers.

En effet, de nombreux rapports sont publiés, périodiquement, au niveau international par l'ONU, CNUCED, Forbes.... classant tous les pays du monde dans divers domaines: économie, démocratie, droits de l'Homme, lutte contre la corruption.  Il s'agit, à titre d'exemple, du rapport «doing business» diffusé par la Banque Mondiale, du rapport de l'Organisation de Transparency international, consacré à la lutte contre la corruption et du rapport du développement humain publié par l'Organisation des Nations Unies.

Au sujet de la crédibilité des données présentées par Davos, M. Laabidi, a fait savoir que ce dernier comprend des indicateurs crédibles mais comporte, aussi, des indicateurs qui servent uniquement les intérêts des investisseurs étrangers et excluent les aspects sociaux (liberté de l'activité syndicale et augmentation salariale).

"Pour les investisseurs, les salaires sont comptabilisés dans les charges de l'entreprise alors que pour les gouvernements et les citoyens, cet indicateur est lié au pouvoir d'achat et aux aspects sociaux".

A noter que la Tunisie s'est maintenue dans le classement du forum de Davos, en tête de liste des pays africains pour la deuxième année successive et a reculé à la septième place, au niveau du monde arabe.

source: TAP