Les « revenants », ce n’est pas de la science-fiction, c’est une question de vie ou de mort

Les « revenants », ce n’est pas de la science-fiction, c’est une question de vie ou de mort

 

« Les revenants », c’est le sujet qui est sur toutes les lèvres. Ce pourrait être le titre d’un film de science fiction. Malheureusement, il s’agit d’un sujet bien réel, celui du retour des Tunisiens partis aux zones de conflit. Destinés au départ à aller prêter main forte aux opposants de Bachar Al-Assad contre lequel une guerre civile a été déclenchée en 2011 dans la suite des révolutions du Printemps arabe, ils se sont éparpillés en Irak, en Libye et ailleurs au gré de leurs commanditaires, des développements des conflits puis de l’entrée en action de l’organisation Daech, la plus extrémiste et la plus sanguinaire des groupements terroristes.

Alors chacun y va de son argumentation alimentant une polémique stérile, alors qu’il s’agit d’un sujet de la plus haute sensibilité autour duquel une union nationale sacrée devrait se former. Les uns s’opposent de façon catégorique à ce retour, y compris par les moyens légaux c'est-à-dire le retrait pur et simple de la nationalité tunisienne. Les autres affirment qu’en vertu de la Constitution et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie, on ne peut refuser à ces nationaux de rentrer au pays. D’autres enfin voudraient les voir être jugés dans les pays où ils ont commis leurs crimes et y accomplir leurs peines. Sans parler de cette minorité qui aimerait les voir passer par les potences ou être fusillés, sans nécessairement passer par les tribunaux.

C’est un véritable brouhaha qui s’installe dans le pays, nourri surtout par une peur bleue et une phobie, chaque jour, plus forte surtout qu’elle devient indéfinissable voire incontrôlable. Le citoyen moyen n’arrive pas à se retrouver dans ce charivari surtout que les uns et les autres utilisent des arguments juridiques se référant à des articles de la Constitution, des lois existantes et des conventions internationales stipulant la chose et son contraire et présentées doctement par des sommités du droit dans ses différentes spécialités. Sans parler des autres spécialistes en psychologie, psychiatrie, sociologie et même en sciences religieuses qui ont aussi leurs mots à dire.

Sur ce sujet des plus sensibles il faut mettre une place une doctrine définie de façon consensuelle entre les différentes composantes de la classe politique, de la société civile et des experts en la matière, juristes, hommes de religion, psychologues, sociologues et autres.

Pour ce faire, il importe que sous l’égide du président de la république, la plus haute autorité morale de la nation (symbole de l’Etat et garant du respect de la Constitution), une commission nationale ad hoc soit mise en place pour étudier de façon approfondie la question sous ses différents aspects pour sortir à la fin de ses travaux une stratégie en bonne et due forme sur laquelle tout ce monde se soit mis d’accord. Quitte à ce qu’elle soit soumise à l’assemblée des représentants du peuple pour être approuvée et recevoir ainsi le blanc seing populaire.

Mais auparavant, il nous fait connaitre ces « revenants ». Ceux-ci ne sont pas des Martiens dont on doit attendre l’arrivée le cœur sur la main par une soucoupe volante ou une machine à remonter le temps. Il faut que les autorités locales, sécuritaires et administratives fassent leur travail pour mettre des noms sur cette liste de quelques milliers de Tunisiens. Y compris en procédant par la méthode du porte-à-porte.

Car ces gens appartiennent à des familles. Ils ont un père, une mère, des frères et sœurs et même si ceux-là ne voudraient pas coopérer, ils ont aussi des voisins, des camarades de classe, des amis, que sais-je encore ! Les chefs de secteur (omdas), délégués, chefs de poste de police ou de la garde nationale doivent tous se mobiliser pour établir ces listes. Mais il faut faire vite, car ces « djihadistes-terroristes » sont en train de rentrer. Ils sont déjà plus de 1500 sur place alors qu’entre 30 à 40 personnes arrivent chaque jour.

Si tout le monde se focalise sur les « revenants » de Syrie, les premiers qui rentreraient au pays viendront surtout de Libye maintenant qu’elle est libérée du dernier membre de l’organisation du soi-disant « Etat islamique » après la défaite cuisante qui lui a été infligée. Ceux-là tenteront de rentrer en empruntant les voies des contrebandiers et des trafiquants. Il est essentiel de redoubler de vigilance sur la zone frontalière.

Dans tous les cas, la question des « revenants » ne doit pas être prise à la légère. Elle ne doit pas devenir non être un sujet de polémique inutile. Se focaliser sur la recherche des responsables et des coupables pour les jeter en pâture à la vindicte générale n’est pas non plus opportun car cela ne ferait qu’aggraver les cassures au sein de la société car l’heure doit être à la cohésion.

L’union nationale pour ne pas dire l’union sacrée doit être désormais de mise. Car il ne s’agit pas d’un sujet mineur sur lequel on peut se disputer ou diverger. C’est une question de vie ou de mort, non pour une personne, un clan ou une catégorie de citoyens. C’est une question dont dépend pour une large part le devenir de la communauté nationale.

RBR

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