Les ultimes erreurs stratégiques d’Ennahdha qui risquent de coûter au gouvernement Jemli son investiture

Les ultimes erreurs stratégiques d’Ennahdha qui risquent de coûter au gouvernement Jemli son investiture

 

A quelques heures du vote de confiance du Parlement au gouvernement de Habib Jemli, on peut avancer qu’arithmétiquement, les jeux sont faits et la chute du gouvernement est prévisible. A moins d’un miracle et d’un retournement de situation toujours possible.

Sans revenir aux erreurs originelles commises par le parti sorti premier des urnes, à savoir Ennahdha qui a paru ne pas être préparé à assumer les charges du gouvernement, le Mouvement présidé par Rached Ghannouchi a commis ces derniers jours des erreurs stratégiques qui ont amoindri les ses chances d’être investi par le Parlement pour les rendre presque nulles.

La première c’est d’avoir décidé de surseoir à la tenue de la séance plénière qui aurait dû se tenir le mardi 7 janvier. En repoussant cette séance au vendredi 10, la date limite, le parti Ennahdha car c’est la voix de son président Ghannouchi qui a été prépondérante dans ce choix a donné le temps à la réconciliation entre les chefs de Qalb Tounes et de Tahya Tounes qui furent d’irréductibles ennemis.

Il ne fait pas de doute que sans ce rapprochement entre ces frères-ennemis, Nabil Karoui ne serait pas aussi farouchement opposé à l’octroi de la confiance au gouvernement Jemli.

La seconde erreur stratégique fut l’opposition affichée dans les médias du parti Ennahdha à la liste présentée par Habib Jemli. On ne comprendrait pas qu’il n’y ait pas une harmonie totale entre le chef du gouvernement désigné et le parti qui l’a chargé de cette mission.

D’ailleurs quand Jemli a parlé d’un gouvernement de compétences indépendantes de tous les partis on avait compris qu’il avait l’aval de la direction du parti à cette option. A l'évidence ce n'était pas le cas

Que des membres d’Ennahdha expriment des réserves, on le comprendrait mais que cela soit rendu public par certains nahdhouis allant jusqu’à menacer de ne pas accorder la confiance, ce fut un pas que le parti islamiste n’aurait pas dû prendre. Car cela a discrédité tout le processus de formation du gouvernement.

La troisième et ultime erreur fut de convoquer le conseil de la Choura en une session extraordinaire pour décider d’accorder ou non la confiance au gouvernement Jemli. Ce fut une démarche contre-productive car elle a encore donné des arguments à ceux qui, à l’intérieur ou à l’extérieur du mouvement, souhaitaient sa chute.

Le fait que cette session avait parmi les scénarios mis sur la table celui de retirer la délégation accordée à Habib Jemli pour former le gouvernement a fini par achever les derniers espoirs d’un soutien réel et sincère accordé par Ennahdha au gouvernement qui est qu’il le veuille ou pas le sien. Certes le conseil de la Choura a fini par s’aligner sur la position naturelle qui est celle d’accorder son soutien mais le tort était déjà fait.

Si le parti islamiste perd cette bataille il n’a qu’à s’en prendre à lui-même.

RBR

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