L’industrie du cinéma tunisien est-elle exportable ?
Abderrazek Ben Jemâa, enseignant universitaire, démontre (à travers une étude du marché mondial du cinéma et à travers
les interviews de seize grands producteurs tunisiens) que le cinéma peut constituer pour la Tunisie une véritable opportunité économique autant sur le marché local qu’à l’export.
L’auteur, qui vient d’ailleurs de sortir un livre sur la mise à niveau du cinéma tunisien, présente dans son oeuvre les actions concrètes à entreprendre pour réaliser cette mise à niveau.
L’auteur a conclu que le cinéma figure depuis plusieurs années dans la liste des produits stratégiques d’exportation.
Prenons l’exemple du Maroc qui en plus des retombées positives sur l’emploi, le tournage de films étrangers a rapporté en 2007 plus d’un milliard de dollars, à peu près la moitié de ce qu’a rapporté toute l’industrie du tourisme tunisien au cours de la même année.
Au Japon, les performances du cinéma d’animation sont encore plus éloquentes : 1.7 milliards de dollars de ventes en 2004, réalisés principalement grâce au savoir-faire.
Aux Etats-Unis, l’industrie cinématographique est la première industrie exportatrice et elle a créé plus d’emplois que dans les secteurs hôtelier, automobile et pharmaceutique réunis.
Certes la Tunisie, avec ses 10.2 millions d’habitants n’est pas le Maroc (33 millions d’habitants), ni la France (64 millions d’habitants), ni l’Iran (66.5 millions d’habitants), mais il ne faut pas non plus exagérer l’importance du facteur démographique au détriment de la variable stratégique.
A titre d’exemple, la Belgique, avec une population de 10.5 millions d’habitants (à peu près la même population que la Tunisie), ne dispose pas moins de 507 écrans en 2006 pour 18 écrans en Tunisie.
Tous les chiffres confirment qu’au niveau mondial, le cinéma est un secteur très prometteur sur le plan économique avec un grand potentiel d’employabilité.
Aucun pays, qu’il soit du Nord ou du Sud, ne peut se permettre de négliger ce marché, devenu en l’espace de quelques années, l’objet de tant de convoitises.
Pourtant, lorsqu’on s’intéresse au cinéma tunisien, dont les racines remontent loin dans le temps (le Festival de Carthage ayant vu le jour bien avant les Festivals du Film de Tokyo, de Moscou ou d’Iran), et malgré son succès culturel et artistique dans plusieurs festivals internationaux, on remarque d’une manière générale que le succès commercial n’est pas au rendez-vous.
A travers cet essai, l’auteur a cherché à analyser les causes de cet état de fait et à faire des propositions permettant de rectifier le tir.
Selon l’auteur, la crise du cinéma tunisien est due principalement à des contraintes d’environnement et à des problèmes de positionnement stratégique.
Finalement, Dr Abderrazek Ben Jemâa propose dans la postface le scénario d’un court métrage sur le thème traité, à savoir le cinéma.