A l’ouverture des débats budgétaires : Mohamed Ennaceur hausse le ton

A l’ouverture des débats budgétaires : Mohamed Ennaceur hausse le ton

 

Les débats budgétaires ont démarré mardi matin avec du retard en raison du déplacement du Chef du gouvernement Youssef Chahed à Zanouch du gouvernorat de Gafsa pour présenter ses condoléances à la famille du délégué de Matmata nouvelle Mohsen Ben Aissi dont la voiture a été emportée par les eaux suite aux intempéries enregistrées dans les gouvernorats du Sud est il ya une dizaine de jours.

C’est d’ailleurs par un hommage à ce haut fonctionnaire considéré comme un « martyr du devoir » qu’ont commencé les travaux, lorsque le président de l’ARP a invité les députés et les membres du gouvernement à réciter la Fatiha pour le repos de l’âme du défunt.

Contrairement à son habitude Mohamed Ennaceur a lu ensuite une allocution particulièrement critique envers le gouvernement.

« Cette séance solennelle revêt une importance particulière car elle se tient dans une atmosphère de préoccupation et de controverse à propos de la portée des mesures prévues dans le projet de budget et ses répercussions sur la vie du citoyen tunisien aujourd’hui et demain », a-t-il déclaré dès l’entame.

« Il est naturel que l’Assemblée interagit avec les raisons de cette préoccupation auprès de l’opinion publique », a-t-il ajouté comme pour justifier ses propos non sans avoir demandé auparavant au gouvernement à mettre à profit les lueurs (d’espoir) et les indicateurs positifs qui commencent à émerger dans certains volets de la conjoncture économique en vue de créer une équation porteuse d’espoir auprès des citoyens ».

Selon lui, les trois raisons de préoccupation se résument en : primo, l’accroissement continu du volume de l’endettement, ce qui a amené certains députés à réclamer d’en fixer un plafond, secundo, une vision flou de l’avenir ; ce qui appelle le gouvernement de définir une stratégie intégrée et de longue haleine pour ouvrir des perspectives pour l’intégration sociale des jeunes oisifs ou marginalisés et tertio, l’absence d’une force de fusion sociétale bâtie sur un sentiment de destin commun et devant conduire à un avenir collectif, une force capable à mobiliser les énergies créatrices , les compétences gaspillées, ainsi que les aptitudes inutilisées dont notre pays, notre peuple et notre jeunesse recèlent.

Pour montrer que ce n’est pas seulement au gouvernement qu’il impute cette situation, le président du parlement ajoute que la situation économique et sociale nécessite la conjugaison de tous les efforts, la mise à profit de toutes les énergies existantes pour la réalisation des objectifs espérés par la relance de l’investissement et du développement dans les régions démunies, la création d’emplois, la réalisation des équilibres financiers généraux et la réduction de l’endettement.

« Notre assemblée est consciente de la sensibilité et de l’importance des défis que le pays affronte » a ensuite dit Mohamed Ennaceur qui a rappelé toutes les initiatives qu’il a prises pour remplir sa part de la responsabilité dont la Journée parlementaire sur le projet de budget et la série de réunions tenues avec la plupart des organisations nationales ou professionnelles pour rapprocher les points de vue sur les mesures prévues par le projet de loi des Finances.

« L’ARP est un partenaire dans l’examen du budget et de la loi des Finances à la lumière des préoccupations des citoyens et leurs aspirations d’avenir. Il consacre ainsi, en plus de son caractère pluraliste et démocratique, sa volonté de réaliser un large consensus sur le contenu du budget en vue d’en faire un mécanisme agissant en faveur du développement économique et du progrès social dans notre pays », a encore affirmé Mohamed Ennaceur.

En conclusion, il a estimé que « le temps est maintenant au travail et au partage des efforts et des sacrifices dans l’équité et l’équilibre », non sans avoir souligné qu’il est « du devoir du gouvernement de présenter une stratégie claire, des solutions réalistes et une vision d’avenir rassurante ». « Il doit être l’éclaireur de la voie de l’espoir au profit de la jeunesse et des forces vives du pays. »

Cette allocution critique a-t-elle surpris. Pas le moins du monde. Si d’autres sont critiques, pourquoi pas lui, a-t-on entendu dire. Il est dans son rôle. Député lui-même avant d’être président de l’Assemblée, il a le droit de dire ce qu’il pense.

Sans doute, a-t-il voulu être la conscience du Parlement et il y a réussit.

RBR

Votre commentaire