Marc Pieri, ancien ambassadeur de l’UE : Voilà comment l’Europe peut soutenir la Tunisie

Marc Pieri, ancien ambassadeur de l’UE : Voilà comment l’Europe peut soutenir la Tunisie

 

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde ce vendredi 15 avril, Marc Pieri, ancien ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie (2002-2006) et chercheur au think tank Carnegie Europe) appelle à soutenir ce « petit pays » qui est « plus qu’un emblème » puisqu’elle est « aujourd’hui, le seul exemple, certes fragile mais bien réel, de transition démocratique dans le monde arabe ».

«  A chaque incident, écrit-il,  qu’il soit social comme à Kasserine ou sécuritaire comme à Ben Guerdane cette année, les responsables occidentaux s’alarment. Il faut aider la Tunisie entend-on à Bruxelles, Paris ou Berlin. Et puis on oublie ce petit pays, car des crises dramatiques assaillent l’occident ».

Pieri fait l’éloge de la Tunisie qu’il connait bien, indiquant qu’en «  cinq années de débats acharnés et de compromis durement acquis, la Tunisie s’est dotée d’une infrastructure démocratique remarquable : une constitution, plusieurs élections libres, des institutions en  devenir comme le futur conseil national de la gouvernance.

Mais si le « hardware » est bien là, il manque encore le « software », la méthode pour faire entrer la démocratie dans la vie quotidienne ». Pour lui, le constat est amer. «  Après cinq années d’espoirs déçus, la jeunesse et les régions déshéritées n’ont rien vu venir… L’économie est globalement en plus mauvais état qu’à la fin 2010 : les investissements nationaux et étrangers se sont taris, la dégradation sécuritaire a fait fuir les touristes et croisiéristes, les jeunes n’ont plus guère que le « sit-in » devant les usines et les ministères pour espérer trouver un emploi ».

En cinq années la Tunisie n’a récolté que des promesses, pour la plupart non tenues.

«  Depuis 2012, la communauté occidentale a multiplié les déclarations d’appui à la Tunisie, les promesses financières se sont accumulées, mais bien peu se sont matérialisées. La faute, disent les donneurs internationaux, au manque de réformes décisives, à la paralysie bureaucratique, aux querelles politiques qui prennent souvent le pas sur les décisions urgentes ».

L’ancien ambassadeur européen à Tunis propose un nouveau partenariat cadre qui « permette de mobiliser les énergies et sortir de l’impasse ». Avec « cinq lignes d’actions », précise-t-il.

1.    Instaurer sans délai un authentique dialogue national sur les priorités sociales et économiques, incluant non seulement les autorités, le patronat, les syndicats et les grandes organisations non-gouvernementales, mais aussi la société civile dans sa diversité, y compris la jeunesse, les acteurs socioculturels non-conventionnels, et les populations des régions en retard.

2.     Donner corps aux réformes économiques et institutionnelles indispensables au retour de la confiance nationale et internationale, combattre la corruption, et donner une véritable égalité à la femme tunisienne.

3.     Créer une filière administrative d’approbation rapide des projets prioritaires – petits et grands – en particulier ceux qui favoriseront la croissance et l’emploi, car il y a une véritable urgence économique et sociale.

4.    Instaurer un mécanisme permanent de concertation collective entre la Tunisie et les donneurs du « G7 élargi ».

5.    Accroitre le soutien international à la Tunisie, tant sur le plan des financements (dons, prêts, garanties, conversion de dette) que sur le plan des avantages commerciaux (tarifaires ou contingentaires).

Et si pour les refugiés syriens en Turquie « l’Union européenne s’est montrée capable en quatre mois de mobiliser 6 milliards d’euros dans le cadre d’un accord très controversé.

Pourquoi ne serait-elle pas en mesure, pour la Tunisie, d’allouer un milliard d’euros annuel » ?

Lire la tribune de sa source

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/15/un-nouveau-partenariat-cadre-pour-la-tunisie_4902700_3232.html

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