Marouane El Abassi: "Le secteur bancaire est solide malgré la conjoncture"

Marouane El Abassi: "Le secteur bancaire est solide malgré la conjoncture"

 

La Banque centrale de Tunisie (BCT) vient de publier son rapport annuel sur la supervision bancaire. Dans son mot, le gouverneur de la BCT, Maouane El Abassi a écrit : « L’activité bancaire s’est caractérisée, pour la troisième année consécutive, par un développement soutenu de l’activité de crédit et une amélioration des indicateurs de rentabilité dans un contexte économique marqué par la poursuite du ralentissement de la croissance, la résurgence des tensions inflationnistes et le resserrement de la liquidité bancaire.

L’effort de financement additionnel, qui s’explique principalement par l’accroissement des besoins de financement des opérateurs économiques en lien avec l’accentuation de l’inflation et la dépréciation du dinar, a été axé principalement sur les crédits à court terme pour les entreprises et les crédits habitat pour les particuliers. 

Du côté des ressources, l’année 2018 a été marquée par la poursuite du ralentissement de la progression des dépôts en dinars, se limitant à 6,2% contre 8,3% en 2017, ce qui n’a pas manqué d’aggraver le gap de ressources en dinars et le recours au refinancement sur le marché monétaire ».

Il a tenu par ailleurs à préciser qu’en dépit de cette conjoncture, le secteur bancaire est parvenu globalement à préserver ses indicateurs de solidité financière comme en témoignent la baisse de la part des créances classées de 0,5 point de pourcentage pour s’établir à 13,4%, la légère diminution du taux de couverture de ces créances par les provisions de 1,4 point de pourcentage imputable notamment aux opérations de cession de créances et le maintien du ratio de solvabilité moyen du secteur à son niveau de 2017, soit 11,8% malgré l’entrée en vigueur de la nouvelle exigence en fonds propres pour la couverture des risques de marché.

Selon lui, cette amélioration des indicateurs de solidité financière des banques observée ces dernières années, ne doit pas dissimuler la persistance de certaines sources de fragilité structurelle au niveau de quelques banques ayant trait essentiellement à la problématique des créances classées, la détérioration de leur profil de risque de liquidité et surtout des faiblesses majeures au niveau de leur dispositif de gouvernance, de contrôle interne et de gestion des risques. 

Par ailleurs et consciente des défis majeurs de la lutte contre le blanchiment d’argent et de financement du terrorisme eu égard à ses conséquences économiques et financières, la Banque centrale de Tunisie ne cesse de renforcer ses capacités opérationnelles afin d’asseoir les bases d’une éthique financière et préserver l’intégrité du système financier. De ce fait et grâce aux efforts déployés par les différentes parties prenantes et à une parfaite coordination entre le gouvernement, la Banque centrale de Tunisie et la CTAF, le GAFI a décidé le 18 octobre 2019 la sortie de la Tunisie des pays sous surveillance ce qui témoigne de la confiance indéfectible des instances internationales dans les progrès significatifs jusque-là réalisés.

Sur un autre plan et en guise de soutien à l’innovation en matière de services de paiement et la promotion de l’inclusion financière, Maouane El Abassi a indiqué que la Banque centrale de Tunisie s’attend, par la publication en décembre 2018 de sa circulaire portant sur les règles de fonctionnement des établissements de paiement, à ce que l’année 2020 soit l’année où le paysage bancaire sera marqué par la création de nouveaux prestataires des services de paiement. 

« De surcroit, la BCT poursuit l’élan des réformes prudentielles engagées depuis 2016 pour assurer la convergence vers les standards internationaux, lequel projet a été érigé en tant que projet stratégique dans le cadre du plan stratégique triennal de la BCT 2019-2021. « Ceci étant, la BCT aspire mettre à niveau le cadre prudentiel relatif aux normes de fonds propres, au courant de 2020, et ce pour se conformer complètement aux piliers 1 et 2 de Bâle II ; surtout que les travaux ayant trait à la révision de l’approche du risque de crédit, à la migration d'une supervision sur base sociale à une supervision sur base consolidée et la mise en place d’un processus interne d’évaluation et d’allocation du capital économique ICAAP se trouvent à un stade bien avancé », a-t-il dit.

Il a ajouté que corrélativement à ce processus, la BCT de par ses missions de régulation et de surveillance du secteur bancaire s’est engagée à jouer un rôle central dans le pilotage du projet d’adoption des normes IFRS par le secteur dans le cadre d’une approche concertée et structurée avec toutes les parties prenantes. « Dans le cadre de cette dynamique et afin de préparer la profession bancaire à relever les défis majeurs auxquels elle est confrontée en l’occurrence les enjeux liés à l’innovation technologique et la digitalisation des services financiers ainsi que le durcissement continu des exigences prudentielles; la BCT se penche actuellement sur la refonte du cadre de gouvernance dans la gestion des banques et renforcer davantage l’implication effective de l’organe d’administration dans le pilotage stratégique et de gouvernance des risques », a-t-il encore précisé.
 

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