Marzouki: Le piège !?

Marzouki: Le piège !?
 
Le scrutin du 26 octobre 2014 a consacré Nidaa Tounes comme première force du prochain parlement. Chez beaucoup, ces résultats ont enflammé immédiatement les craintes d’un retour à l’ancien régime. Une crainte qui trouve sa légitimité au vu de l’identification de Nidaa Tounes au RCD et de la gestion personnifiée qui caractérise ce parti. Il est à rappeler que les décisions à Nidaa Tounes n’émanent pas de structures démocratiquement constituées mais plutôt de son président et candidat Béji Caïd Essebsi. Pour une bonne partie de l’électorat la priorité consiste à éviter une victoire de Caïd Essebsi.
 
Afin de faire barrage au candidat de Nidaa Tounes, une partie de l’électorat s’est tourné vers Marzouki, dans un mouvement qui s’apparente à un réflexe biologique. Ce "réflexe" est assez compréhensible étant donné que Mr Marzouki est le candidat qui a construit son discours sur le clivage entre révolution et contre-révolution. Certes Marzouki est capable d’arriver au second tour grâce à la base électorale d’Ennahdha et à son discours de rejet de l’ancien régime. Mais ce qui échappe à certains c’est que le passage de Marzouki au second tour sera, paradoxalement, le meilleur cadeau que pourrait espérer Béji Caïd Essebsi.
 
Marzouki a choisi depuis le départ de ne s’adresser qu’à une partie des Tunisiens, alors même qu’il occupait une fonction sensée incarner l’unité nationale. Son bilan des trois années, ses attitudes controversées, son discours clivant et le manque de crédibilité de son entourage immédiat constituent un handicap de taille qui l’empêchera certainement d’avoir la confiance de la majorité des Tunisiens. D’ailleurs pour beaucoup, il semble exclu de voter pour Caïd Essebsi à la seule exception où le choix serait entre lui et l’actuel président provisoire. L’ironie de la situation fait que pour Caïd Essebsi, Marzouki serait le concurrent idéal.
 
La position de Marzouki comme favoris pour passer au second tour et son incapacité manifeste à gagner le vote de 50% des Tunisiens font de lui un piège à éviter. Pour ceux qui cherchent à assurer l’équilibre politique, Moncef Marzouki est une impasse. Le "chemin" est à chercher parmi les candidats démocrates capables de fédérer l’ensemble des Tunisiens et qui constituent pour eux une garantie tangible du respect de leurs droits et libertés.
 
Houssem Eddine Miladi