Mechichi à Paris : un week-end de perdu, une visite à oublier ?!

Mechichi à Paris : un week-end de perdu, une visite à oublier ?!

 

Pourquoi le chef du gouvernement a-t-il décidé de partir à Paris au pied levé sans aucune préparation au préalable ? La question se pose sérieusement quand on voit comment le premier voyage officiel du locataire de la Kasbah s’est déroulé.

D’abord pourquoi Paris alors que l’on sait que les chefs du gouvernement qui se sont succédé ont tous pris le chemin d’Alger pour leur déplacement à l’étranger. Rien d’ailleurs ne presse dans les conditions sanitaires que le monde proche ou lointain connait.

L’impréparation est perçue sans trop de difficulté. Le ministère des Affaires étrangères semble ne pas avoir été associé. Le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères a été ajouté à la dernière minute à la délégation officielle. Le département n’a même pu le temps de faire parvenir aux médias « l’avant-papier » qui donne les grandes lignes des objectifs de la visite et du programme des rencontres.

Remarquez aussi qu’aucun communiqué n’a été publié pour donner la qualification de la visite, officielle, d’amitié ou de travail. Ceci est important car il a des conséquences sur le protocole qui lui est dédié.

A l’évidence, il s’agit d’une visite qui ne peut être qualifiée que de privée. Car aucun protocole particulier ne lui a été assigné. Ce sont les services de l’ambassade qui se sont occupés de l’accueil, le chef du gouvernement a été logé à la résidence de l’ambassadeur et c’est à bord du véhicule de la chancellerie qu’il a fait l’intégralité de ses déplacements.

Certes, le chef du gouvernement a été reçu à l’Hôtel de Matignon par le Premier ministre Jean Castex, mais à y regarder de plus près ce fut une visite protocolaire sans plus. D’ailleurs la photo montrant Mechichi et ses accompagnateurs ne disposant devant eux d’aucune note, ni d’aucun dossier (photo illustration) est fort parlante.

D’habitude le ministère des Affaires étrangères prépare un dossier fort épais où toutes les phases de la rencontre sont consignées y compris les mots de bienvenue à échanger avec la partie en face.

Remarquez que le premier ministre français disposait lui de son dossier, mais il n’était entouré d’aucun ministre, ni secrétaire d’Etat, juste de proches collaborateurs. L’ambassadeur de France en Tunisie n’y était pas non plus.

D’ailleurs les services du Premier ministre (on ne dit pas premier ministère ni primature en France) n’ont publié aucun communiqué sur la rencontre sur les réseaux sociaux de Matignon.

Ce qui saute aux yeux c’est que le Quai d’Orsay (le ministère des Affaires étrangères) ne s’est aucunement soucié de cette visite. Mechichi n’a rencontré ni le ministre Jean-Yves Le Drian ni aucun de ses ministres délégués, alors que l’un des sujets évoqués selon le chef du gouvernement est la préparation du Haut comité de Coopération qui doit se tenir en mars à Tunis sous la présidence des deux chefs de gouvernement qui lui est piloté par les deux ministères des Affaires étrangères.

Les autres rencontres de Hichem Mechichi avec des officiels français sont tout à fait protocolaires car en France le président du Sénat, Gérard Larcher et le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand ont beau être les 2ème et 3ème personnages de l’Etat ils occupent des postes honorifiques et n’ont aucun pouvoir réel.

Les autres activités du chef du gouvernement n’ont pas de caractère officiel. La réunion qu’il a tenue avec le président et une délégation du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France- la principale organisation patronale de France), avec la participation de la délégation de l’UTICA présidée par Samir Majoul est certes importante, mais rien de concret ne semble avoir été envisagé. D’ailleurs la page officielle du MEDEF n’en parle même pas, ce qui est intrigant !

Quant aux autres rencontres tenues au siège de l’ambassade, elles ont été programmées, semble-t-il pour meubler le temps. Hichem Mechichi a certes rencontré des représentants de la communauté tunisienne en France, mais à lire les réactions de certaines personnes exclues de ces rencontres, on se demande si les interlocuteurs du chef du gouvernement sont représentatifs de la diaspora tunisienne en France.

L’ambassadeur Karim Jamoussi, très récent à la tête de la chancellerie et néophyte en diplomatie a-t-il eu la main heureuse dans ses choix ou ceux de ses collaborateurs. On peut en douter.

Le clou de ce déplacement aura été l’inauguration du Pavillon Habib Bourguiba à la Cité internationale universitaire. Pareille réalisation mérite bien le déplacement du chef du gouvernement à Paris.

Mais les services du chef du gouvernement auraient été bien inspirés de focaliser sur cette activité, le reste n’étant programmé qu’en marge. Ils se seraient épargné les remarques fort désagréables du genre qu’il s’agit d’une « visite pour rien » comme le titre le site Mondafrique.

Reste que les déclarations de Mechichi aux médias français faisant l’amalgame entre l’immigration clandestine et le terrorisme vont le poursuivre longtemps. Des déclarations, outre qu’elles sont erronées, sont inopportunes dans les circonstances actuelles. L’homme politique, l’homme d’Etat doit tourner sa langue dans sa bouche sept fois avant de parler. Un dicton qui est toujours d'actualité.

RBR

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