Mehdi Ben Gharbia aux Femmes Tunisiennes : Le pays a besoin de vous

Mehdi Ben Gharbia aux Femmes Tunisiennes : Le pays a besoin de vous

A l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits de la femme, on constate souvent une floraison des chiffres et des évènements qui mettent davantage en exergue le statut de la femme victime, de la femme au statut éternellement inférieur à l’homme. Bien que je comprends parfaitement, le souci de quelques féministes zélés qui estiment que l’acquisition des droits de la femme est un combat permanent qui s’inscrit dans la durée et par conséquent, il ne faut jamais baisser les gardes dans ce domaine…

Aujourd’hui encore, on a parlé des 50% des femmes battues en Tunisie, d’inégalité criante au niveau des salaires à compétences égales, ou encore de la domination outrageuse du genre masculin dans les sphères de pouvoir et de direction…Bien que tout cela est vrai et doit changer, toutefois la victimisation méthodique de la femme et l’usage exclusif de l’approche revendicative la maintient inéluctablement dans un statut de mineur.

Aujourd’hui, inquiet comme une grande majorité de Tunisiens sur la situation actuelle et des interrogations persistantes quant à l’avenir de notre pays, je souhaite déroger à cette règle et mettre en avant ce que les femmes peuvent apporter à cette Tunisie en difficulté …Nos féministes nous parlent de ce qu’attendent les femmes de notre pays…Moi, je vois les choses autrement et je vais mettre l’accent plutôt sur ce qu’attend notre pays de ses femmes.

Effectivement, face à une situation économique et sociale alarmante qui frappe de plus en plus des catégories de Tunisiens fragilisés par une crise qui sévit et dure depuis des années, la solidarité nationale doit fonctionner à plein régime afin de ne pas mettre des millions de Tunisiens au ban de la société. Et qui mieux que la femme avec sa forte sensibilité, son sens aigu de l’empathie et sa grande générosité pour pallier aux excès du marché et aux ravages de la crise.

Mais la Tunisie souffre aussi de la montée de la violence et de toutes sortes de tension qu’elles soient sociales, politiques ou encore médiatiques. Avec sa douceur, son charme et surtout sa prédisposition au consensus et au rassemblement, on attend de la femme tunisienne qu’elle participe plus activement à l’indispensable unité nationale dans une atmosphère de sérénité et d’apaisement.   

D’aucuns pensent que l’insécurité et les menaces terroristes internes ou sur nos frontières constituent le premier souci des Tunisiens. Face à des menaces qui pèsent de plus en plus sur le quotidien des Tunisiens, la femme tunisienne doit se mouvoir en protectrice, ce qu’elle sait parfaitement faire dans un domaine plus restreint. Ses réflexes de « maman poule » et de détectrice de danger peuvent servir notre pays dans ces moments difficiles.

De plus en plus des enquêtes corroborent l’idée que l’une des raisons qui font fuir les investisseurs de notre pays, n’est pas contrairement à ce que l’on pense, la montée de l’insécurité, mais plutôt la régression vertigineuse au niveau de la productivité du travail.

Cette régression qui peut se traduire par des termes simples : le Tunisien travaille « peu » ou « pas bien »…Soucieuse de rattraper son retard par rapport à l’homme, la femme tunisienne se doit de montrer l’exemple et donner une impulsion à la qualité du travail fourni par nos compatriotes.

Enfin, la Tunisie est une société en perte de valeurs et des fondamentaux qui constituent le vivier du vivre ensemble…

L’éducation est mal au point, la jeunesse se radicalise de plus en plus, l’espace public se détériore et se cloisonne à une vitesse inquiétante, la corruption gangrène les rapports sociaux et le mérite n’est pas récompensé…

Le plus souvent dépositaire et transmettrice des valeurs de la petite société qu’est la famille, la femme tunisienne doit s’occuper de la grande famille qu’est la société tunisienne et remettre en scelle les valeurs qui ont fait de ce petit espace géographique aux richesses naturelles peu généreuses une belle expérience humaine.

Entre le statut de la femme victime et revendicative, et le statut de la femme espoir, la femme entreprenante et salvatrice, j’ose espérer que nos compatriotes féminines choisissent la prise de responsabilité et préfèrent agir que de subir, préfèrent la prise d’initiative à l’assistanat. 

Certains voient notre salut dans le fait que notre société donne plus de droits aux femmes, moi et d’autres, plutôt dans le fait qu’elles assument plus de devoirs et de responsabilité…et si la vérité résidait dans cet équilibre entre les droits et les devoirs !

Tunis, le 8 mars 2015

Mehdi Ben Gharbia