"Meurtre" d’Abdelkader Dhibi: Les esprits colonialistes ne changent jamais !

La colère, l’indignation et l’émotion ne sont toujours pas retombées, aussi bien au sein de la communauté tunisienne en France qu’en Tunisie, suite au meurtre présumé d’Abdelkader Dhibi, abattu par des policiers à Marseille.
Que l’on soit spécialiste des questions sécuritaires ou simple citoyen, une question s’impose désormais sur toutes les lèvres: comment des policiers ont-ils pu faire usage de leurs armes aussi facilement, alors qu’ils disposaient d’autres moyens pour le maîtriser ?
Comment ont-ils pu abattre un homme visiblement désespéré et psychologiquement fragile, alors qu’ils ont déjà su gérer des situations infiniment plus complexes – et autrement plus dangereuses ?
S’agit-il d’une bavure policière ? D’un acte raciste ? D’un mépris pour les étrangers ? Ou encore d’un dépassement grave de la loi et des droits humains fondamentaux ?
En tout cas, si ce n’est pas un crime raciste, cela y ressemble à bien des égards. Tout laisse à penser que s’il avait porté un nom à consonance française, les choses auraient été différentes. Malheureusement, Abdelkader Dhibi avait un nom arabe – et aucune circonstance atténuante ne lui a été accordée. Même un chien aurait, sans doute, été mieux traité.
Comment expliquer que des policiers en patrouille, en situation de contrôle, aient pu lui tirer sept balles dans la poitrine, alors qu’ils pouvaient viser les jambes ou utiliser un taser ?
Comment justifier un tel usage de la force contre un homme en détresse, ni radicalisé, ni fiché S, mais connu pour une instabilité nécessitant un suivi psychologique, selon les propres sources relayées par les médias français ?
Ce drame, largement relayé dans les médias tunisiens et par certaines figures politiques françaises, soulève de nombreuses interrogations sur la montée de la xénophobie, de l’islamophobie, et sur le rôle que jouent certains discours extrémistes dans le climat social actuel.
Il suffit d’ouvrir les commentaires sur les réseaux sociaux – ou de regarder certaines chaînes aux relents populistes – pour constater l’ampleur et la banalisation de la haine raciste.
Quand certains appellent à « renvoyer tous les Tunisiens chez eux », d’autres décrivent les Arabes comme des « barbares », des « terroristes », ou encore comme des individus « prêts à sortir un couteau à tout moment dans une gare » ou « foncer sur une foule en voiture ».
Je vous épargne le florilège d’insultes racistes abjectes que véhiculent ces chaînes de la honte, qui prennent pour cible une seule et même communauté.
Réaction de la Tunisie
La Tunisie n’a pas tardé à réagir. Le gouvernement a exprimé sa vive protestation auprès des autorités françaises, réclamant que cet incident soit traité comme un homicide injustifié, et que toute la lumière soit faite sur les circonstances et les responsabilités.
Tunis a également affirmé qu’elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits de la victime et de sa famille. L’Ambassadeur de Tunisie à Paris a été chargé de transmettre ce message et de coordonner avec le consulat général à Marseille pour assurer le rapatriement rapide du corps.
Cette réaction, légitime et conforme au devoir d’un État envers ses ressortissants, n’a pourtant pas été du goût de certains médias français aux discours ouvertement racistes. Ces chaînes n’ont pas hésité à verser leur haine contre la Tunisie et ses autorités, allant jusqu’à insulter ses dirigeants en direct, ou à demander au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de faire mieux de convoquer l’Ambassadeur de Tunisie et défendre la France au lieu de « s’occuper de ce qui se passe à Gaza ».
Une idéologie toujours vivante
Le traitement réservé à cette affaire montre, une fois encore, que certains esprits colonialistes ne changent pas et ne changeront jamais. L’idéologie coloniale, fondée sur la domination, l’exploitation et une supposée supériorité raciale, reste vivace dans certains cercles, nourrissant des attitudes et des discours qui justifient encore l’oppression de l’autre.
O.D.
Votre commentaire