Mouvement diplomatique : Quand l’Etat fait fi des droits les plus élémentaires de ses hauts cadres

 Mouvement diplomatique : Quand l’Etat fait fi des droits les plus élémentaires de ses hauts cadres

 

Enfin une première liste du mouvement des chefs de mission diplomatique et consulaire est « fuitée » sur les réseaux sociaux vendredi soir. Mais le mouvement reste incomplet puisque plusieurs postes restent à pourvoir.

Habituellement ce mouvement se fait en juillet, car la procédure de nomination aux postes diplomatiques est complexe et peut durer longtemps. Ainsi il y a un temps de latence entre la nomination et l’obtention de l’agrément de l’Etat d’accréditation. Pour certains pays, cette formalité doit être approuvée en conseil des ministres, ce qui demande du temps. Puis vient le temps de l’attente des lettres de créance remises au cours d’une cérémonie par le président de la République.

Mais pour des raisons qu’il importe d’élucider le mouvement de cette année a pris du retard, beaucoup de retard. Comme c’est une prérogative exclusive du Chef de l’Etat rien ne justifie ce retard, pas même le changement de gouvernement. Il semble que c’est un conflit entre l’ex-ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray et la directrice du cabinet présidentiel, Nadia Akacha qui ait ajourné plus que de raison ce mouvement annuel somme toute ordinaire.

C’est d’ailleurs ce conflit qui a été à l’origine du limogeage d’Erray pourtant choisi par le chef de l’Etat pour prendre les rênes de la diplomatie tunisienne !

Ainsi dans le meilleur des cas, les nouveaux promus aux postes d’ambassadeurs rejoindront leurs postes début octobre. Ce sera déjà trop tard, car ces ambassadeurs sont pères ou mères de familles et leurs enfants vont à l’école au collège, au lycée ou à l’université. Ce faisant l’Etat fait fi des droits les plus élémentaires de leurs cadres pourtant haut placés. Pour certains cependant ce sera un véritable calvaire.

Prenons l’exemple de l’ambassadeur Kaïs Kabtani. Ses enfants ont entamé la dernière année scolaire ou universitaire alors que leur père était ambassadeur à Addis Abeba. En milieu d’année, en mars précisément il était muté à New York en qualité de représentant permanent auprès de l’ONU.

Alors qu’il n’a pas démérité et qu’il a réussi à faire passer la résolution sur le covid-19 appelant à une cessation des hostilités dans le monde, voilà qu’il se retrouve ambassadeur à Mascate. Le cursus scolaire ou universitaire de ses enfants risque d’être problématique en raison de ces changements pas toujours heureux. Reste à savoir pourquoi cette mutation ?

Le successeur de Kabtani à New York qui n’est pas encore connu sera le troisième représentant permanent auprès de l’ONU alors que notre pays n’a pas entamé la seconde et dernière année de son appartenance au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent. Allez savoir pourquoi ?

Le cas se pose pour l’ex-ministre des Affaires étrangères. Ambassadeur à Mascate, il s’est retrouvé en février propulsé au poste de ministre des Affaires étrangères. Puis en septembre, il est nommé ambassadeur de Tunisie à la Valette, Malte où il n’y a pas, semble-t-il d’écoles pour ses enfants.

Certes, les diplomates sont appelés à servir là où le devoir les appelle mais il convient que l’Etat leur assure les conditions les plus à même de leur permettre d’exercer leurs fonctions sans effets négatifs sur leurs enfants et familles.

Ce ne sera pas trop demander.

RBR

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