Nacef Belkhiria (Président du CCITJ): "Le Japon peut devenir un partenaire stratégique pour la Tunisie dans les secteurs-clés de demain"

À l’occasion de l’assemblée générale de la CCITJ, prévue ce lundi 6 octobre 2025, Nacef Belkhiria – également président du Conseil des Chambres Mixtes – fait le point sur l’évolution des relations économiques entre la Tunisie et le Japon. Dans cette interview exclusive, il met en lumière les opportunités offertes aux entreprises tunisiennes sur le marché japonais.
Espace Manager : Quelle est la mission principale de la Chambre Tuniso-Japonaise pour accélérer les synergies économiques bilatérales ?
Nacef Belkhiria :La CCITJ joue un rôle clé dans le rapprochement entre les investisseurs japonais et tunisiens. Depuis TICAD 8, elle est devenue une référence pour les investisseurs japonais en Tunisie.
Nous les assistons dans leurs démarches administratives, dans les études de faisabilité, et les orientons vers des secteurs porteurs tels que le médical et pharmaceutique, l’électromécanique, l’automobile et les énergies renouvelables.
Quels sont les secteurs moteurs des échanges tuniso-japonais aujourd’hui ?
Les intérêts japonais en Tunisie ne sont pas uniquement commerciaux. Ils s’appuient sur les compétences tunisiennes dans des domaines comme la biotechnologie, l’industrie des composants automobiles, l’électromécanique, le médical et les technologies vertes :
Dessalement de l’eau
Recyclage des eaux industrielles
Énergies renouvelables
Quelles opportunités différenciantes pour les entreprises tunisiennes souhaitant accéder au marché japonais ?
Les services à forte valeur ajoutée technique représentent une réelle opportunité. Bien que le marché japonais soit encore méconnu des Tunisiens, des projets en cours permettent aux Japonais de découvrir le potentiel et la rigueur des compétences tunisiennes.
Quel levier prioritaire pour stimuler l’investissement japonais en Tunisie ?
La conclusion de l’accord de non-double imposition entre les deux pays serait un tournant décisif. Il est en négociation depuis plusieurs années. Accélérer sa signature
Quels obstacles freinent l’accès des exportateurs tunisiens au marché japonais ?
Les normes japonaises, notamment dans l’agroalimentaire, sont parmi les plus strictes au monde, comparables à celles des États-Unis. Cela exige un haut niveau de conformité technique et sanitaire.
Quelles solutions la CCITJ propose-t-elle pour aider les entreprises tunisiennes à s’adapter à ces exigences ?
Nous mettons à disposition de nos membres des contacts directs au Japon, incluant des sociétés de services et institutions publiques japonaises, capables d’accompagner les entreprises tunisiennes dans leur mise en conformité et leur intégration sur le marché.
Quelles sont les priorités stratégiques de la Chambre dans les années à venir ?
Renforcer encore davantage notre réseau de partenaires institutionnels japonais, aussi bien dans le secteur privé que public. Le capital confiance que nous avons su bâtir est aujourd’hui notre meilleur atout pour le futur.
Quelle lecture faites-vous de l’évolution bilatérale Tunisie–Japon à court et moyen terme, dans un contexte mondial incertain ?
Le Japon peut devenir un partenaire stratégique pour la Tunisie, notamment dans les domaines de l’environnement, des énergies renouvelables, de la biotechnologie et de la gestion de l’eau.
Face à un monde en mutation, la diversification des partenaires économiques est indispensable pour accroître notre compétitivité et accéder à de nouveaux marchés.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs tunisiens qui souhaitent s’implanter au Japon ?
D’abord, apprendre la langue japonaise, un atout majeur pour s’intégrer et gagner en crédibilité. Ensuite, profiter de la faiblesse actuelle du yen pour visiter le pays, comprendre sa culture, son respect des règles, de l’autre, de la hiérarchie, et surtout de l’intérêt général. Ce sont des valeurs clés pour réussir au Japon.
Interview réalisée par Sabeh Toujani
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