Néji Jalloul : « si le chef de gouvernement me demande de quitter, je quitterai »

Néji Jalloul : « si le chef de gouvernement me demande de quitter, je quitterai »

 

Dans une interview d’une page entière publiée, ce dimanche 12 mars 201, dans le journal La presse, le ministre de l’éducation Néji Jalloul  se dit décidé  que jamais à aller jusqu’au bout de son projet de réforme. « Je suis ministre, je prends des décisions unilatérales quand cela relève de mes prérogatives ». Il reconnait que  « réformer l’éducation, c’est très difficile. C’est d’ailleurs le cas depuis les années 90, l’époque Mohamed Charfi dont la réforme, un excellent projet, est restée lettre morte. »

Bagarreur Néj Jalloul ? Il l’est quand il s’agit de défendre ses options et ses choix. Il sait qu’il est dans le « viseur » des syndicats de l’enseignement qui réclament sa tête. Il sait également qu’il n’est pas bien soutenu par les siens, ni par l’autre partenaire de la réforme, l’Institut arabe des droits de l’homme. Et même s’il est fatigué,  il ne pense pas abandonner le combat. Toutefois, si le chef du gouvernement qui est « un compagnon de route depuis la révolution », lui demande de quitter il quittera.

  On l’accuse de tout et de rien, «  de privatiser l’école publique, de travailler pour le FMI, pour la BM, etc ». Ce genre de « discours gauchiste » qu’il « vendait quand il était étudiant  n’a plus de sens ». Il exilique que « nous vivons dans un monde globalisé, tout le monde travaille avec le FMI et la BM, même les grandes puissances. Le débat est donc l’école publique. Nous travaillons sur la mise en place des associations des parents dans l’école publique, parce qu’elles existent déjà dans le privé, sur les clubs culturels, les activités sportives, les cantines. Ceux qui prétendent défendre l’école publique sont en train de la détruire. Quelle école publique défendent-ils ? L’école délabrée qui dispense une mauvaise formation. Le cœur de la réforme, c’est la mise en place d’une école publique de qualité qui peut rivaliser avec l’école privée, qui a donné l’année dernière de meilleurs résultats au niveau de la Sixième. Si je favorisais l’école publique, je n’aurais pas défendu l’école publique. L’enseignement privé ne représente que 4% en Tunisie et il a échappé jusque-là à tout contrôle. A partir de l’année prochaine, on va instaurer, et pour la première fois, des inspections dans les écoles privées et former gratuitement leurs enseignants. Le rôle de l’Etat, c’est de garantir un enseignement de qualité pour tous les Tunisiens, qu’ils soient dans le public ou dans le privé. Les syndicats sont réticents. Or la formation est une composante essentielle dans le projet de réforme et il n’y aura plus de promotion sans formation. C’est encore un conflit avec les syndicats qui ont revendiqué l’année dernière deux promotions, mais elles n’ont pas été pas accordées. On avait décidé d’arrêter ce cycle infernal des promotions sans formation qui ont porté atteinte au travail des inspecteurs dont l’autorité a beaucoup régressé. Nous avons donc également décidé le retour du corps des inspecteurs, clé de voûte du système éducatif. Le conflit est inéluctable parce que l’école publique a été abandonnée pendant au moins une trentaine d’années ». 

On lui reproche ses décisions parfois hâtives, mais il n’hésite pas à les revoir comme c’est le cas des vacances scolaires.   « Là nous avons commis des erreurs », a-t-il reconnu. « Avec le décalage des vacances d’hiver, on a perturbé la vie de famille. Cet impact négatif nous ne l’avions pas prévu au départ. C’est dommage. Par conséquent, les vacances d’hiver traditionnelles seront rétablies dès l’année prochaine. Pour le système semestriel, nous réfléchissons sur deux options : six semaines de cours puis une semaine de repos ou sept de cours et deux de repos. Toutefois, le système semestriel a porté ses fruits puisque le taux d’absentéisme a dégringolé. Il faut ajouter qu’à partir de l’année prochaine, nous allons également durcir la législation pour ce qui concerne les cours particuliers. Pour le collège, nous allons rapprocher les coefficients, il n’y aura plus de matière noble et de matière de second choix. On va démarrer le français en 2e année primaire et l’anglais en 4e année. C’est cela aussi la réforme : travailler sur diverses intelligences, huit notamment, et pas une seule, les maths. De même qu’on va généraliser au collège l’enseignement technique ».

http://www.lapresse.tn/index.php?option=com_nationals&task=article&id=12...
 

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