Présidentielle : Mourou a-t-il été jeté à la gueule du loup sans lui assurer les conditions du succès

Le candidat d’Ennahdha, Abdefattah Mourou a totalisé 434.530 voix soit 12,9% des suffrages exprimés. L’intéressé se dit satisfait de ce score, et le président du mouvement, Rached Ghannouchi qualifie pour sa part le résultat d’honorable.

Il n’y a pas pour autant lieu de pavoiser car le parti islamiste n’a cessé de scrutin en scrutin de perdre une partie de son électorat. Cependant en arrivant à la 3ème position Mourou parvient à sauver les meubles. Car ne l’oublions pas Ennahdha n’a dévoilé le nom de son candidat que quelques jours avant le démarrage de la campagne électorale alors que les candidats qualifiés au second tour se préparent à cette échéance depuis plus d’un an et qu’ils ont lancé leur précampagne depuis plusieurs mois.

On rappelle que le parti islamiste était resté pendant longtemps partagé entre la présentation d’un candidat issu de ses rangs et le soutien d’un candidat venu de l’extérieur. C’était la phase de la recherche de l’oiseau rare, selon le mot du leader du parti. Il semble donc que le choix du candidat Abdelfattah Mourou était plus par défaut que par conviction.

Non seulement le retard dans le choix du candidat a handicapé ce dernier, mais celui-ci n’a disposé d’un bureau et d’une équipe que tardivement de sorte qu’il a dû au début de la campagne recevoir les journalistes à son domicile. De même, il n’a pas honoré toutes les demandes d’interview qu’il a reçues faute de temps.

A-t-on voulu jeter Abdelfattah Mourou dans la gueule du loup et ne pas lui assurer les conditions du succès. Certains en sont convaincus car s’il était qualifié au second tour, il aurait des chances d’accéder à la magistrature suprême, ce qui fermerait la voie à ce que Rached Ghannouchi gagne le Perchoir comme on lui en prête l’intention du fait qu’il est tête de liste d’Ennahdha de Tunis-1 aux élections législatives. Ce parti ne pourrait légitimement prétendre à deux présidences en même temps.