Quand Hamma Hammami prenait son café avec Ben Ali !

C’était au début de l’année 1989. Ben Ali qui venait d’accéder à la magistrature suprême après avoir déposé, le 7 novembre 1987, son prédécesseur Habib Bourguiba à la faveur du fameux article 57 de la Constitution du 1er juin 1959,  avait dissous la chambre des députés et appelé à des élections présidentielles et législatives anticipées pour le 02 avril de la même année. 

Auparavant, un pacte national avait été signé entre le pouvoir et les principales forces politiques et les organisations de la société civile, à l’exception du POCT qui avait, dès le départ, refusé de cautionner  cette inititaive et le MUP d'Ahmed Ben salah.

Ben Ali, qui avait annoncé sa décision de se présenter au scrutin présidentiel, recevait les représentants des formations politiques, les reconnues et les non reconnues, comme Rached Ghannouchi le président du mouvement islamiste, MTI, et un certain…Hamma Hammami, secrétaire général du POCT. Il était venu au palais dans la voiture d’un conseiller de l'ancien président qui l’avait reçu dans son bureau et lui avait offert un café. Hamma avait exprimé à son interlocuteur sa déception que le changement annoncé n’était pas encore perceptible et qu’il avait l’impression que la situation n'avait pas avancé d'un seul iota. C’est alors que Ben Ali lui rétorqua : « prendre un café avec le président de la République dans son bureau à Carthage n’est pas un signe de changement ? ».

De l’avis du conseiller de l’ancien président qui avait raccompagné Hamma chez lui, l’entretien s’était déroulé dans un climat cordial. Mieux, Ben Ali s’était enquis de la situation de son invité qui était en chômage après avoir été licencié du centre de formation professionnelle où il exerçait en tant qu’instructeur. L’ancien président aurait, même, proposé de le faire réintégrer dans son poste et de lui verser l’intégralité de tous ses salaires. Ce que Hamma Hammami aurait décliné.

Mais après les élections du 2 avril 1989, les relations entre les deux hommes s’étaient dégradées et ils ne se sont plus revus. Hamma Hammami devait subir les foudres de Ben Ali et avait passé plusieurs années à vivre dans la clandestinité. Le 13 janvier 2011, il fut arrêté avant qu’il ne soit relâché le lendemain, peu avant le départ de Ben Ali et la chute de son régime.