Quand les bonnes sociétés paient pour les mauvaises, l’exemple de l’ETAP

Quand les bonnes sociétés paient pour les mauvaises, l’exemple de l’ETAP

L’entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP) était le fleuron des entreprises publiques nationales. Voilà un établissement public qui dispose de tous les atouts en main. Il exerce, en effet dans une activité porteuse. De plus, toute exploration pétrolière confiée à des tiers et qui se révèle productrice, l’ETAP en obtient 55% des bénéfices comme la loi le prévoit.
Mais cette société périclite et connait une situation catastrophique puisqu’elle se situe en tête de liste des entreprises publiques perdantes en 2020.
Selon un rapport du ministère des Finances sur les entreprises publiques qui a analysé les indicateurs financiers de 81 entreprises, dont 53 ont enregistré un résultat net négatif avec un total de 2643,27 millions de dinars (MD), l’ETAP a enregistré un résultat net négatif au cours de l’année 2020 de – 407,1 millions de dinars, contre des bénéfices de 150 MD au cours de l’année 2019, soit une baisse de 557,1 MD.

Le ministère des Finances a estimé que l’ETAP enregistrerait un résultat net négatif à fin 2021, d’une valeur de – 145 MD ce qui correspond ainsi à une augmentation relative de 262 MD ou 64,4%, par rapport à 2020.
D’autre part, les indicateurs ont montré que l’endettement de l’ETAP envers les banques a continué d’augmenter, lequel est estimé à 806,2 MD à fin 2021, avec une augmentation estimée à 100,8 MD, soit 14,3% par rapport à 2020, tandis que la dette envers les fournisseurs continue de s’accroitre, à son tour, en 2021, avec une valeur de 111,2 MD et de 59%, pour atteindre 299,8 MD. Dans le même contexte, l’endettement de l’ETAP envers l’Etat en 2020 s’élève à 471,7 MD.

Au niveau des ressources humaines, le nombre d’employés de l’entreprise est estimé à 784 en 2021, le coût de leur masse salariale atteignant 49 MD, soit une augmentation de 11,4% par rapport à l’année précédente avec un salaire brut mensuel moyen d’environ 5208 dinars par employé.

Si les problèmes de l’ETAP sont inhérents aux activités qu’elle exerce, il est certain que les blocages que les champs pétroliers subissent de la part entre autres des employés des sociétés d’environnement, de plantation et de jardinage y sont pour quelque chose. Financées en dépit des règles de la gestion économique saine, ces sociétés sont devenues un fardeau d’autant qu’elles n’apportent aucune plus-value pour les régions où elles ont été installées. Créées pour soi-disant alléger le poids du chômage, leurs employés réclament des augmentations de salaires alors qu’ils ne font presque rien. Au moindre retard de paiement ils bloquent les routes et mettent les activités pétrolières à l’arrêt avec des conséquences graves sur le cœur de cible de l’activité à laquelle s’adonnent l’ETAP et les sociétés pétrolières annexes.

Ainsi, depuis bientôt une semaine, les ouvriers de la société de l’environnement, de plantation et de jardinage de Kébili, qui n’a pourtant rien à voir avec les sociétés pétrolières qui opèrent dans ce gouvernorat, ont entamé un sit-in ouvert sur les routes de la région pour bloquer le passage des camions qui assurent le transport du brut des sociétés énergétiques.

Ce blocage de la sortie des camions remplis de pétrole va influencer sur la production des sociétés énergétiques. Ainsi au vu de la non évacuation des quantités produites de pétrole et étant donné que la capacité maximum de stockage de leur bacs a été presque atteinte, les sociétés victimes dont particulièrement Serinus et Mazarine seraient contraintes d’arrêter leurs productions avec tout ce que cela comprend comme risque d’endommagement technique des puits, lors de la reprise éventuelle de l’activité vue la spécificité du domaine pétrolier.

Ce « banditisme économique » ne peut pas continuer de la sorte impunément alors que la situation des finances publiques est catastrophique et que le pays a besoin de toutes ses ressources pour s’en sortir.
Il importe de mettre de l’ordre dans cette situation ubuesque qui coute très cher à la Tunisie.
Il ne faut pas que les bonnes sociétés paient pour les mauvaises. Cela est insupportable et inacceptable.

RBR

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