Que cessent les palabres et les hésitations, place à « l’Union sacrée »

Que cessent les palabres et les hésitations, place à « l’Union sacrée »

Peu à peu les Tunisiens commencent à mesurer la gravité de la situation face à cette pandémie rampante qu’est le coronavirus. Une pandémie mondiale qui a déjà fait plus de 9 000 morts à travers le monde, alors que quelque 218.000 contaminations ont été enregistrées dans près de 160 pays. Ce qui a incité plusieurs Etats, encore réticents, à prendre des mesures draconiennes dont notamment le confinement total de leurs populations. Les nouvelles qui nous parviennent des pays proches de nous comme l’Italie et la France ne sont pas rassurantes. D’ailleurs la plupart des cas recensés proviennent de ces deux pays.

Les hésitations des pouvoirs publics, présidence de la république et présidence du gouvernement en premier, à assumer leur entière responsabilité en ces moments difficiles, a fait planer la peur et l’angoisse. Les bisbilles au plus haut sommet de l’Etat entre ce qui est communément appelé les « trois présidences », a semé le doute dans les esprits quant à la capacité du pays à endiguer le mal avant qu’il ne se propage. Malgré les efforts déployés par le ministre de la santé et tout le personnel de son département, notamment en matière de communication, les Tunisiens se trouvent, à leur corps défendant, sous l’emprise d’un climat morose d’angoisse et d’inquiétude. Ce «climat anxiogène» est malheureusement amplifié par les réseaux sociaux et les élucubrations de ces pseudos experts et ces « faux-sachant » qui se pavanent sur les plateaux pour débiter de sornettes et participent avec leurs fausses informations à entretenir la psychose.

L’apparition du président de la République Kais Saied à une heure indue dans la soirée de mardi dernier a ajouté à la confusion. Et ce n’est pas avec les discours emphatiques et les envolées lyriques qu’on arrive à rassurer l’ensemble des citoyens.  Avant lui, par deux fois le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh n’avait pas du tout rassuré. Pas de mesures concrètes pour répondre aux attentes des populations.

Crise et communication de crise

La gestion de l’information est capitale en période de crise. Sa fiabilité et sa pertinence sont de nature à atténuer les angoisses et la peur.  La communication en temps de crise est très importante. Il faudrait éviter de tomber ni dans l’hypermédiatisation ni dans la communication minimale sur la réalité des menaces qui pèsent sur le pays, sans excès ni sous-estimation. Pas de confusion dans les discours et un choix pertinent des intervenants. Des messages clairs et percutants transmis avec assurance et une certaine fermeté quand il s’agit notamment de hauts responsables de l’Etat.

Alors que la plupart des pays dans le monde sont entrés en guerre contre cette pandémie, chez nous on continue de tergiverser et de palabrer. Pourtant, le moment est grave et il faut savoir en mesurer les conséquences. Quelques voix de sagesse se sont exprimées en faveur de l’instauration de cette «Union sacrée», tant souhaitée, pour s’unir contre le mal. Car, au-delà des divergences des vues et des appréciations, des clivages politiques voire idéologiques, tous les efforts doivent se concentrer sur la guerre contre cet ennemi invisible. On le voit ailleurs et pas loin de chez nous. En France, en Italie, en Espagne et tout juste à côté de chez nous en Algérie, voire au Maroc.

Pour l’histoire, lors du déclenchement de la première guerre mondiale, la France était divisée et fragilisée par de profondes divergences entre les différentes composantes de la société, politique, syndicale et religieuse. Mais face à la guerre, un mouvement avait été créé sous le nom de «l’Union sacrée», pour souder les Français toutes tendances confondues.

Défendue par le président Raymond Poincaré, cette «Union» fut adoptée par le Parlement au mois d’août 1914 et immédiatement ralliée par l’ensemble des formations politiques et des organisations syndicales.

B.O

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