Que cherchent les médias algériens ?!
Au lendemain de la révolution du Jasmin, la plupart des médias occidentaux et arabes n’ont pas manqué de saluer l’avènement de cette ère nouvelle. Mais depuis quelque temps, notre pays est victime d’une campagne systématique de dénigrement et de calomnie. A la tête de cette basse campagne, l’on retrouve la presse étrangère.
Et comme si la campagne orchestrée par la presse française n’est pas suffisante pour ternir l’image de notre pays et le déstabiliser encore et encore, voici une autre presse que l’on attendait malheureusement le moins se mêler de l’affaire. A savoir la presse algérienne.
Alors que la Tunisie enterrait Chokri Belaid, leader de la gauche tunisienne assassiné, la presse algérienne rivalisait de titres les uns plus alarmistes et plus catastrophistes que les autres. Alors même que l’enquête sur l’auteur ou les circonstances de la mort commençait à peine.
« Les islamistes éliminent un opposant », « La Tunisie face à ses assassins », « Tunisie: les islamistes passent à la méthode GIA », « Un air de déjà vu », "La Tunisie vingt ans après l'Algérie", « La violence politique s'installe en Tunisie". …tels sont quels-uns des gros titres de la presse algérienne francophone (flanqués de photos de Ghannouchi ou de barbus) qui, comble de la malhonnêteté intellectuelle, ont tenté de diaboliser « la Tunisie des islamistes » en la mettant en garde contre un scénario à l’algérienne.
Comment expliquer cette propension si facile et si maladroite de la plupart de ces journalistes, chroniqueurs et éditorialistes francophones algériens à établir, tout de suite et à l’aveuglette, le parallèle entre ce "meurtre politique de la Tunisie post-Ben Ali" et l'Algérie des années 1990 secouée par la violence terroriste la plus crue ?
Comment expliquer cette course effrénée à trouver un coupable tout désigné, alors que tous les scénarios sont possibles ? Un ennemi de la révolution ne pouvait-il pas commettre ce meurtre pour faire porter le chapeau à la formation au pouvoir ? Des services secrets étrangers ne sont-ils pas capables de commanditer ce crime horrible pour faire échouer l’expérience des islamistes au pouvoir? Dans l’état actuel des choses, tout reste possible.
Le Soir d’Algérie, Liberté, L’Expression, El Watan…tous ces journaux ont, comme de vulgaires amateurs, transgressé cette déontologie si chère à toute presse responsable et respectable, qui consiste à diffuser des informations fiables, loin de toute calomnie et d’intention malsaine.
L’Expression est allé même plus loin dans sa conviction que c’est l’histoire qui est en train de se répéter, trouvant même une certaine ressemblance entre l’assassinat de Belaid et ceux d'hommes politiques, journalistes, artistes et autres intellectuels algériens pendant la décennie noire. Il ose même cette comparaison assez troublante : « Deux balles, l'une dans la tête et l'autre dans le cou, ont emporté à jamais cet homme à l'esprit large et à l'argument irréprochable, exactement comme le furent chez nous Djillali Liabès, Tahar Djaout, Saïd Mekbel, Abdelkader Alloula ... »
Comme si cette campagne de diabolisation de la Tunisie ne suffisait pas, un autre journal algérien, Echourouk en l’occurrence, est entré dans la danse. Une information très grave et dénuée de tout fondement est en train d’être véhiculée en ce moment même par ce quotidien. Selon cette rumeur, le leader salafiste Abou Iyadh aurait ordonné aux 12 mille salafistes tunisiens qui participent à la guerre en Syrie de rentrer au pays. Une baliverne que Seifeddine Errais, porte-parole d’Ansar Echaria, s’est empressé de démentir sur les ondes d’Express FM, non sans avoir pointé du doigt ces médias de la discorde et de la manipulation.
« Ces rumeurs malintentionnées de la part d’un média connu par ses relations douteuses aves les services secrets français et britanniques visent à déstabiliser la Tunisie pour faire échouer cette révolution, par crainte qu’elle n’inspire les Algériens. », lance-t-il, sarcastique. Et d’ajouter que « le nombre avancé de Tunisiens participant à la guerre en Syrie est fantaisiste et alarmant, estimant que leur nombre est de loin inférieur aux 12 mille indiqués par ceux qui veulent du mal à la Tunisie. »
Le mois dernier encore, le porte-parole officiel de la Présidence de la République, Adnane Mansar, a été obligé de faire un démenti sur les ondes de Jawhara Fm, à propos de certaines accusations faites par les médias algériens concernant la montée de l’extrémisme en Tunisie et la surestimation du nombre de terroristes tunisiens impliqués dans la prise d’otages sur le site gazier d’In Amenas.
Face à cette vague de calomnies, de mépris, de rumeurs malintentionnées, entamée par les Français et poursuivie par les Algériens, comment ne pas soupçonner l’idée d’un complot étranger dans une tentative de déstabilisation de notre pays. Déstabilisation qui risque de voir « la révolution du jasmin sentir l’odeur de la mort », selon l’expression, tout à fait évocatrice, d’un journaliste d’El Watan. Ce qui veut tout dire !
O.D.