Que reste-t-il d'Habib Bourguiba, 23 ans après?

Que reste-t-il d'Habib Bourguiba, 23 ans après?

DÉCÉDÉ le 6 avril 2000, le Combattant suprême, Habib Bourguiba, n'a eu droit qu'à des funérailles furtives destinées surtout à glorifier son successeur, le président Zine El Abidine Ben Ali. Pourtant, l'émotion réelle qui avait saisi tout le pays n'était pas seulement l'expression d'une reconnaissance à l'égard de l'artisan de l'indépendance. Elle participait aussi d'une réévaluation du bilan de son règne - en matière d'éducation et de droits des femmes notamment -, qu'encourage la comparaison avec le régime actuel.

Âgé de 84 ans, souffrant de troubles séniles, le président tunisien Habib Bourguiba est destitué en douceur pour incapacité physique et mentale moyennant un certificat d’inaptitude paraphé par sept blouses blanches le 7 novembre 1987 par son Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali. Père de l'indépendance, Habib Bourguiba était au pouvoir depuis trente ans.

Dire que le bilan de Bourguiba est un bilan purement négatif et ne pas lui reconnaître ses accomplissements et ses réalisations relève de l'ingratitude et de la mauvaise foi. De même que prétendre que les années Bourguiba sont une réussite sur tous les plans est une supercherie et une insulte à l'intelligence de tous ceux qui s'intéressent à l'Histoire

Bourguiba a su imposer l’image de la Tunisie et lui permettre de passer de l’ombre à la lumière

Dès la première année de l'indépendance, Bourguiba inaugure un train de réformes législatives, dont le fleuron reste le code du statut personnel (CSP). Promulgué le 13 août 1956, il accorde à la femme des droits sans équivalent dans le monde arabe. Il abolit notamment la polygamie et la répudiation, et exige, pour le mariage, le consentement mutuel des futurs époux. Cette attaque contre les sources de la discrimination contre les femmes fait des Tunisiennes des privilégiées au Maghreb et au Proche-Orient.

En devenant le premier président de la République, le 25 juillet 1957, après avoir aboli la monarchie dans un climat de liesse générale, Habib Bourguiba poursuit son projet de construction d'un État moderne. Il voit dans la gratuité de l'enseignement le meilleur outil de combat contre le sous-développement. Environ le tiers du budget de l'État y est consacré.

Un leader (Zaïm) et un homme de sature internationale toujours d'actualité

Bourguiba c'est le visionnaire hors pair, celui qui a une longueur d'avance sur ses contemporains, celui qui a une vision à long terme, qui nous manque cruellement aujourd'hui. Celui qui après sa détention au Fort Saint-Nicolas fut reçu avec Salah Ben Youssef et Slimane Ben Slimane par Mussolini mais qui refusa de soutenir les fascistes.

L’adhésion de la Tunisie au groupe des non-alignés, à l’époque de la bipolarité et de la guerre froide, en a fait en théorie un pays indépendant tant du bloc de l’Ouest, que de celui de l’Est. Dans les faits, la Tunisie s’est toujours alignée sur les positions occidentales celles des États-Unis et de l’Europe, qui dominent le système de légalité internationale, incarné par l’ONU et le Conseil de sécurité, auquel la Tunisie n’a de cesse d’affirmer son attachement.

Qui ne se souvient du panache de la remontée triomphale de l'avenue Broadway à Manhattan en mai 1961 d'un Bourguiba, saluant debout la foule des américains, massée de chaque côté du parcours. Un hommage à ce si petit pays, devenu si grand de par sa politique étrangère, qui en fait forcément pâlir plus d'un aujourd'hui ? Une politique de « soft power » avant l'heure.

Que reste-t-il d’Habib Bourguiba ?

De Bourguiba reste rasa stature d’homme d’État libéral et révolutionnaire, faite de volonté et d’habileté, ses dons d’orateur, son pragmatisme. Le culte de la personnalité du « combattant suprême » et un paternalisme autoritaire.

Le bâtisseur de la Tunisie moderne et le libérateur de la femme s’est transformé en un référent consensuel et ceux, parmi les militants de gauche et des droits de l’homme qu’il avait, pourtant, « punis », se considèrent comme ses héritiers naturels."

Quoiqu'ils manipulent en réécrivant l'histoire, Bourguiba est entrée dans l'Histoire par la grande porte. Le grand résistant à la France, l'architecte de l'indépendance et le bâtisseur de la Tunisie moderne.

Il restera incontestablement un Grand de l'Histoire moderne. Il avait une certaine idée de la Tunisie et chaque citoyen a une certaine idée de Bourguiba.

Toute la génération de l'indépendance lui doit sa réussite sociale grâce à l'école républicaine pour tous et partout.

Paix à son âme le Zaîm Habib Bourguiba qui restera dans nos coeurs et dans nos mémoires!!!

أحب من أحب وكره من كره

Abdessatar Klai

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