Racisme en Tunisie: Traitée de "gorille" et d'"esclave", la Malienne Mariam Touré réplique à nouveau

Racisme en Tunisie: Traitée de "gorille" et d'"esclave", la Malienne Mariam Touré réplique à nouveau
Mariam Touré, ex-étudiante malienne en droit à Tunis
 
Après son premier coup de gueule contre le racisme en Tunisie, en octobre 2014, coup de gueule qui avait eu un grand retentissement au-delà de nos frontières et dont nous avions évoqué l'affaire à travers cet article intitulé " Racisme: Lettre poignante d'une étudiante africaine aux Tunisiens", l'étudiante malienne Mariam Touré refait encore parler d'elle à travers un autre témoignage qu'elle vient de publier sur son compte facebook.
 
Cette fois-ci, c'est une jeune fille tunisienne qui ravive encore une fois la colère de l'étudiante subsaharienne en la traitant de "gorille" et "d'esclave". Sur son compte Facebook, Mariam Touré réplique et use d'une ironie mordante et pénétrante: " Cette charmante tunisienne me demande, moi "esclave", d'arrêter de parler de "RACISME en Tunisie" et de retourner chez mes "gorilles". Tu as raison ma puce, il n'y a pas de racisme en Tunisie et tu en es la preuve parfaite.", lance-t-elle sarcastique.
 
Prenant soin de faire une capture d'écran du message d'insulte de cette "charmante tunisienne", Mariam Touré a créé de nouveau la mobilisation en Tunisie et ailleurs autour de cette épineuse question du racisme. Et sur les réseaux sociaux, une véritable mobilisation s'est organisée soutenant bec et ongles la ressortissante subsaharienne. Une mobilisation telle que Mariam Touré, désormais ex-étudiante malienne en Tunisie, s'est fendue d'un mot de remerciement adressé aux internautes et posté sur son mur que nous reproduisons ici: 
 
"Bonjour à tous, Toujours aussi touchée par ces messages de soutien. J'emploie "toujours" parce que lors de mon premier coup de gueule, j'avais dénoncé tout cela dans la "Lettre aux Tunisiens". J'avais reçu le même élan de soutien que maintenant et pendant des semaines, les personnes m'écrivaient et s'engageaient à aider au changement mais une fois l'engouement créé par la lettre retombé, c'était fini.
 
Aujourd'hui, je ne suis plus en Tunisie (contrairement à ce que beaucoup pensent) mais cela ne signifie pas que je ne suis plus touchée par ce qui se passe et cela n'a en rien affaibli ma motivation à en parler.
 
Au-delà des merveilleux amis tunisiens que je me suis fait, je laisse également une famille de plus de 8000 étudiants et stagiaires africains en Tunisie qui pour la plupart, continuent à vivre cela pas seulement dans la rue mais aussi dans les universités, restaurants, immeubles, administration.
 
Le changement se fait petit à petit et je suis consciente que les gens prennent conscience de l'ampleur du problème mais le message de cette jeune femme prouve que jusqu'à présent, certains font la sourde oreille et ne veulent pas entendre raison.
 
Elle m'a traitée d' "esclave" car elle entend quotidiennement d'autres personnes se faire traiter d' "oussif" et pour elle, ce n'est pas grave. Elle veut que je retourne chez mes "gorilles" parce que dans aucun texte de lois actuel en Tunisie, les actes et insultes racistes ne sont réprimés.
 
Elle a eu le culot de m'écrire sur facebook parce qu'elle a indirectement été encouragée par le laxisme des autorités à prendre le problème à bras le corps, plus tôt,
Elle s'offusquait que j'en parle et elle a raison.
 
À ce stade là, avec tout ce qui a été écrit et dit à ce sujet, il ne devrait pas créer un tel engouement car il prouve une fois de plus que ça continue. De grâce, ne vous arrêtez pas là, ne vous arrêtez pas à vos magnifiques messages mais réclamez aussi ce droit que ces étudiants ont de vivre en paix dans le pays d'accueil que vous êtes. Réclamez qu'ils ne soient plus inquiétés par de tels actes."
 
 
 

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