Remaniement :  bataille autour du ministère de l’intérieur

Remaniement :  bataille autour du ministère de l’intérieur

 

Le remaniement ministériel tant attendu est devenu un véritable casse-tête pour le chef du gouvernement Youssef Chahed qui repousse de jour en jour l'heure de son annonce. Et c’est surtout autour du ministère de l’intérieur que tout achoppe. Ce ministère a toujours été au cœur du pouvoir et son véritable centre et levier. Son organisation, ses moyens humains et matériels constituent l'outil privilégié de l'État pour garantir aux citoyens l'exercice des droits, devoirs et libertés, mais également pour assurer la pérennité du régime en place. Quand le 14 janvier 2011, des milliers se sont rassemblés pour crier « dégage » à Ben Ali et à son régime, ils ont choisi l’avenue Bourguiba plutôt que Carthage ou la Kasbah. Ils savaient que c’est là où réside le vrai pouvoir.

C’est pourquoi après la chute du régime de Ben Ali, ce département sensible a constitué un enjeu de taille pour les gouvernements successifs. L’éphémère ministre de l’intérieur Farhat Rajhi a tenté de le démanteler sans y arriver. Avec l’avènement de la Troïka, Ennahdha a nommé un de ses dirigeants, Ali Larayedh, à la tête du ministère où il a placé plusieurs membres de son mouvement dans différentes structures de police notamment. Ses deux successeurs, Lotfi Ben Jeddou et Najem Gharsalli, dits « indépendants » sont en fait proches d’Ennahdha et n’ont obtenu le poste que grâce à son aval.  Ancien ministre de l’intérieur, le chef du gouvernement Habib Essid s’est débarrassé de l’encombrant Gharsalli pour nommer à sa place, l’un de ses fidèles, Hédi Majdoub qui a déposé sa démission.

Depuis, une bataille est engagée pour s’approprier ce ministère.  Youssef Chahed a déjà son candidat pour le poste, l’actuel directeur général de la garde nationale Lotfi Brahem, un choix partagé par le président de la république, Béji Caid Essebsi mais rejeté par Ennahdha. Le mouvement de Rached Ghannouchi a jeté son dévolu sur l’ancien titulaire du poste, Najem Gharsalli qui est actuellement ambassadeur à Rabat. Or, Ghasalli, traine derrière lui trois  échecs cuisants: l’attentat contre le musée du Bardo, en mars 2015, l’attentat contre l’hôtel Imperial à Sousse en juin 2015 et l’attentat contre la garde présidentielle en novembre de la même année. En plus, il est cité dans l’affaire de l’atteinte à la sûreté de l’Etat dans laquelle est impliquée Chafik Jarraya.

A son tour, Nidaa Tounes lorgne ce ministère. Il propose comme candidat l’actuel secrétaire d’état à l’émigration Radhouane Ayara qui a été gouverneur au Kef. Proche de Raouf Khamamssi qui semble revenir en bons termes avec son ami  Hafedh Caid Essebsi. Mais il parait que les deux mouvements  Ennahdha et Nidaa qui ont scellé une alliance au mois de Ramadan dernier, le 6 juin,   soient tombés d’accord sur Najem Gharsalli.

A moins que ce ne soit un outsider!

En attendant, le chef du gouvernement continue à consulter partis et organisations nationales, signataires du « Document de Carthage ».

B.O

 

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