Sadok Belaid appelle le président à " annuler son projet"

Sadok Belaid appelle le président à " annuler son projet"

Dans un entretien accordé au journal le Monde, Sadok Belaïd, le président de la commission consultative sur la nouvelle Constitution, dénonce le projet de la Constitution publié dans le Jort du 30 Juin, et appelle le président Kais Saied à « l’annuler ».

Se sentant trahi Belaid « regrette qu’il y ait une très grande distance entre les deux textes », celui qu’il a remis au chef de l’Etat le 20 Juin et celui qui sera soumis au référendum le 25 Juillet.

Il pense que l’article 5 du projet pérsidentiel sur « la Tunisie fait partie de la Umma islamique. Seul l’Etat devra veiller à garantir les objectifs de l’islam », comporte un risque, celui de « son utilisation orientée vers un conservatisme rigoureux, vers un retour aux âges obscurs de la civilisation islamique. Le risque est dans une reconstitution du pouvoir des religieux et des extrémismes religieux qui en ont découlé. Il y a une très grande différence à ce propos entre les deux textes. La culture qui prédomine en Tunisie, c’est une culture de modération, d’ouverture et de tolérance et non pas de la mise en place d’un pouvoir religieux qui n’a été que rétrograde et anti-démocratique ».

Sur un autre plan, Belaid parle d’une « tendance à la tyrannisation du pouvoir. » Cela s’explique, selon lui, « à travers le soi-disant principe du présidentialisme, vers l’établissement d’une sorte de dictature sans fin dans le pays au profit du président actuel. Le texte présidentiel peut lui donner la tentation de renouveler son mandat après son expiration en cas de « danger imminent ».

Quant au bicamérisme, il considère que le projet du chef de l’Etat, « renvoie à la théorie plus ou moins fumeuse de la « construction de la démocratie par la base » qui nous promet une sacrée pagaille. Alors que notre projet était celui d’un bicamérisme déséquilibré. Le bicaméralisme ne peut pas marcher s’il n’est pas déséquilibré. Aux Etats-Unis, le Sénat américain cède le dernier mot à la Chambre des représentants. En France, le Sénat cède le dernier mot à l’Assemblée nationale. En Angleterre, la Chambre des lords cède le dernier mot aux Communes. Pour la Tunisie, notre idée était de dire : il y a deux assemblées mais il faut qu’elles fonctionnent ensemble. Et si elles ne fonctionnent pas ensemble, il y en aura toujours une pour imposer le dernier mot. Il n’y a rien d’original ».

Il termine en déclarant : « Idéologiquement, il s’agit d’un modèle rétrograde et dépassé. Malheureusement, l’idéologie se trouve aujourd’hui au pouvoir avec M. Saïed. Et ça, c’est mauvais. »

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