Saïed s’adresse aux Tunisiens ; un discours hors du temps et de l’espace

  Saïed s’adresse aux Tunisiens ; un discours hors du temps et de l’espace

 

Alors qu’est-ce qu’il a dit le président de la République dans son adresse aux Tunisiens ce mardi. C’est la question que les Tunisiens se posent chaque fois que Kaïs Saïed s’adresse à eux. L’allocution du Chef de l’Etat était attendue surtout qu’elle se tenait dans un cadre solennel, la réunion du Conseil national de sécurité qui rassemble les plus hauts responsables de l’Etat, civils et militaires.

Le président de la République se devait de rassurer les Tunisiens, d’être un rassembleur et de leur présenter les mesures à même de leur faciliter la vie dans ces circonstances particulièrement difficiles, en raison des risques de propagation du Coronavirus. Dans sa communication de crise, c’est le moins qu’il puisse faire.

Mais à l’évidence, encore une fois le discours est en dehors du temps et de l’espace. Car qu’a-t-on retenu de ce discours.

Une seule chose positive et comprise de tous. Que les spéculateurs entre autres de la semoule doivent être considérés comme des « criminels de guerre » et châtiés comme tels. C’est une bonne chose et les Tunisiens l’applaudiraient s’il le fait. La loi ne le prévoyant pas, il faut une initiative législative. Le président de la République en a la faculté comme le prévoir la Constitution. Il a appelé le président de l’ARP à le faire. Pourquoi ne le fait-il pas lui-même ? A moins qu’il ne voudrait pousser la balle dans le camp de Rached Ghannouchi dans le cadre des querelles entre les deux présidences.

Un président rassembleur, c’est le rôle que la Constitution lui reconnait en sa qualité de « président de tous les Tunisiens ». Mais que fait Kaïs Saïed. Il attaque les chefs d’entreprise qu’il a accusé de ne pas « donner assez ».

Il reprend la litanie des biens confisqués, au lendemain de la révolution qui en 2012 étaient évalué entre 10.000 et 13.500 millions de dinars. Mais sait-il que beaucoup d’eau est passé sous les ponts et que cette évaluation n’est plus d’actualité.

Il attaque aussi les partis politiques qui dépensent beaucoup lors des campagnes électorales et ne font rien pour faire face à la crise du Coronavirus. N’ayant pas de parti politique derrière lui, il est dans le beau rôle. Mais est-il conscient qu’il n’y a de démocratie sans partis politiques et que ceux-ci ne disposent d’aucun financement, sauf celui de leurs adhérents qu’on ne peut mobiliser que lors des élections.

A-t-on entendu des mesures appropriées pour faciliter la vie des Tunisiens en ce temps de confinement total. Y a-t-il eu des décisions concrètes pour aider les Tunisiens les plus vulnérables. A part qu’il est de leur droit d’attendre que l’Etat se soucie de leur sort, pas grand-chose.

De nombreux Tunisiens sont encore bloqués à l’extérieur et ont lancé des cris de détresse pour être rapatriés, ce qui est leur droit et le devoir de l’Etat à leur égard. Sur ce plan aussi rien de concret, à part qu'il faut accélérer les procédures pour faire parvenir les moyens de subsistance à ceux qui en ont besoin . Un voeur pieux comme celui de dire que l'Etat n'épargnera aucun effort pour ce faire. Mais comment et de quelle manière? 

Encore une fois, un discours populiste de campagne électorale. Quand est-ce Kaïs Saïed va prendre conscience qu’il est président de la République. Et qu’il parle et agit comme tel.

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