Amnesty International appelle le président Kaïs Saïed à libérer Abir Moussi

Amnesty International a adressé une lettre officielle au président de la République Kaïs Saïed pour réclamer la libération immédiate d’Abir Moussi, incarcérée depuis deux ans. L’organisation internationale de défense des droits humains dénonce une détention « prolongée et injuste », estimant que la cheffe du Parti Destourien Libre (PDL) est emprisonnée uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits fondamentaux.
Deux condamnations successives sous le décret-loi 54
Selon la lettre, Abir Moussi a été condamnée le 5 août 2024 par le Tribunal de première instance de Tunis à deux ans de prison pour des déclarations publiques critiques à l’égard du processus électoral législatif organisé sous le décret-loi 54, texte controversé qui réprime les propos jugés « mensongers » ou « diffamatoires » sur les réseaux sociaux.
Cette première condamnation faisait suite à une plainte déposée par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE).
Quelques mois plus tard, le 22 novembre 2024, la Cour d’appel de Tunis avait réduit la peine à seize mois de prison, peine qu’Abir Moussi a purgée entièrement le 26 mai 2025. Elle aurait dû être libérée à cette date, rappelle Amnesty International.
Mais à la surprise générale, la justice tunisienne a prononcé, le 12 juin 2025, une nouvelle condamnation à deux ans de prison, toujours sur la base d’une plainte de l’ISIE et du décret-loi 54.
Un procès à venir en vertu de l’article 72 du Code pénal
Abir Moussi doit comparaître de nouveau le 24 octobre 2025 devant le Tribunal de première instance de Tunis dans une autre affaire, celle de son arrestation survenue le 3 octobre 2023. Ce jour-là, la présidente du PDL s’était rendue devant une annexe d’une administration rattachée à la Présidence de la République pour déposer un recours contre plusieurs décrets présidentiels. Empêchée d’y accéder, elle avait choisi de protester pacifiquement, en restant sur place jusqu’à la fermeture des bureaux et en diffusant en direct sur Facebook la scène du refus des autorités.
Les autorités lui reprochent désormais des faits d’une extrême gravité : « tentative de changer la forme du gouvernement », « incitation à la violence sur le territoire tunisien » et « agression dans l’intention de modifier la forme de l’État », en vertu de l’article 72 du Code pénal, un article qui prévoit la peine de mort.
Amnesty International dénonce des accusations « absurdes et dénuées de tout fondement », rappelant qu’aucun acte de violence ou d’agression n’a été établi à son encontre.
Un appel direct à Kaïs Saïed
Dans sa correspondance, Amnesty International interpelle directement le président Saied pour qu’il ordonne la libération immédiate d’Abir Moussi, annule ses condamnations et abandonne les poursuites engagées contre elle.
L’organisation considère que la dirigeante du PDL est détenue pour ses opinions politiques et pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, garanti par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par la Tunisie.
« Abir Moussi est emprisonnée uniquement pour avoir exercé pacifiquement son militantisme politique et exprimé ses opinions », écrit Amnesty dans sa lettre, exhortant le chef de l’État à mettre fin à cette injustice.
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