Skander Sallemi - Amnistie fiscale : une bonne idée mal exécutée ?

En 2025, l’État tunisien a proposé une amnistie fiscale. L’idée est de permettre à des citoyens ou entreprises de régler leurs dettes fiscales et de déposer les déclarations en retard sans payer toutes les pénalités habituelles. En échange, ils pouvaient repartir sur de bonnes bases, d'après le Conseiller fiscal Skander Sallemi.
Cette mesure devait aussi rapporter rapidement de l’argent à l’État, alléger les tensions avec les contribuables, et encourager les employés informels, à rejoindre le système fiscal officiel.
Sur le papier, l’idée semblait utile. Mais dans les faits, elle n’a pas donné les résultats attendus.
Ce qui n’a pas marché
Très vite, les services de l’administration fiscale ont été submergés. Trop de demandes, pas assez de personnel formé, des systèmes de travail dépassés, et des procédures qui changeaient d’un bureau à l’autre.
Conséquence : des retards, des décisions contradictoires, et une grande confusion chez les contribuables.
Autre problème : montants des échéances et délai de paiement fixé par la loi était trop rigide. Beaucoup de petites entreprises et de travailleurs indépendants, déjà en difficulté, n’ont pas pu suivre. Aucun aménagement n’était prévu pour ceux qui peinent à obtenir un crédit ou à gérer leur trésorerie.
Enfin, les messages venus de l’administration étaient parfois contradictoires. Certains agents restaient hésitants face aux dossiers compliqués. Cela a créé encore plus de doutes chez les gens.
Résultat : de nombreux contribuables ont renoncé à profiter de l’amnistie. Et cela risque d’abîmer la confiance pour les prochaines réformes fiscales.
Comment réussir la prochaine amnistie ?
Pour qu’une future amnistie fonctionne vraiment, plusieurs conditions doivent être réunies :
- Des équipes renforcées et bien formées, spécialement chargées de traiter ces demandes.
- Des outils numériques plus performants, pour gagner du temps et mieux suivre les dossiers.
- Des règles claires et les mêmes partout, afin que chacun soit traité de manière équitable.
- Des options de paiement souples, adaptées à la taille et à la santé financière des entreprises.
- Une communication simple et régulière, pour que chacun comprenne ce qu’il a à faire, sans se perdre dans les procédures.
Ce qu’on peut retenir
L’amnistie fiscale 2025 partait d’une intention légitime : aider l’État à récupérer des recettes, tout en rétablissant un lien de confiance avec les contribuables. Mais faute de moyens, d’organisation et d’anticipation, cette opération a peu atteint ses objectifs.
Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner ce type de mesure. Mais la prochaine amnistie devra être pensée autrement : avec plus d’écoute, plus de clarté, et surtout, des outils à la hauteur des ambitions.
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