Torture et violence en Tunisie: L'OMCT et Sanad face aux défis de l'assistance aux victimes

Torture et violence en Tunisie: L'OMCT et Sanad face aux défis de l'assistance aux victimes

SANAD est le programme d’assistance directe pour les victimes de torture et de mauvais traitements au sein de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) en Tunisie. 

Les centres SANAD au Kef, à Sfax et à Tunis accueillent et accompagnent des victimes de torture et de mauvais traitements ainsi que leurs proches venant de tout le territoire. 

Des coordinatrices sociales et juridiques expérimentées accompagnent des hommes et des femmes victimes sur le chemin de la reconstruction. Elles établissent pour chaque bénéficiaire un plan d’intervention individualisé et effectuent un suivi régulier de leur situation. Depuis sa création en 2013, SANAD a pris en charge 639 bénéficiaires, dont 430 victimes directes et 209 victimes indirectes de torture ou mauvais traitements.

Le rapport SANAD 2020-2021 couvre les activités menées par SANAD entre le 1er janvier 2020 et le 30 septembre 2021. Ces deux années ont été marquées par des bouleversements de taille, principalement une crise sanitaire qui a paralysé le pays, un soulèvement populaire maté par une violente répression policière et finalement un changement de régime. Ces bouleversements ont eu des conséquences majeures sur le bon fonctionnement des institutions et sur les droits et libertés des individus.

Avec pour toile de fond cette actualité mouvementée, le rapport présente les activités menées ces deux dernières années par SANAD au service de ses bénéficiaires.

Volume 1 : Le constat

Depuis janvier 2020, SANAD a documenté les vécus de violence des victimes directes et leurs familles. Agressées dans des lieux publics à des fins punitives par des agents de police agissant dans le cadre de leurs fonctions ou même à la suite d’une dispute d’ordre privée, torturées ou maltraitées en garde à vue pour obtenir des aveux, violentées en prison, rouées de coups ou harcelées en raison de leur orientation sexuelle, de leurs croyances religieuses supposées ou de leur activisme en faveur des droits humains… les figures de la violence institutionnelle sont diverses et les victimes nombreuses.

Sur la base d’une documentation étayée, le premier volume du rapport dresse le bilan du phénomène tortionnaire actuel : les contextes de l’exercice de la violence, les lieux, les objectifs, les profils des victimes et des auteurs. Il fait un focus sur l’intensification de la violence institutionnalisée exercée à l’encontre des membres et militants de la communauté LGBTIQ++, des manifestants présumés et des personnes fichées S et considérées comme représentant une menace pour l’ordre public.

Volume 2 : Le soutien

Au cours des deux dernières années, SANAD a été confrontée à de nombreux défis dans l’assistance aux victimes de torture et de mauvais traitements. Elle a dû naviguer entre les entraves à la liberté de circulation et l’indisponibilité partielle de certaines administrations dues à la gestion de l’épidémie de Coronavirus, le changement d’interlocuteurs lié à l’instabilité politique et l’afflux parfois important de nouveaux bénéficiaires à la faveur de vagues de répression. Cela a notamment conduit l’organisation à intensifier sa collaboration avec plusieurs associations partenaires dans la capitale et dans les régions pour assurer une prise en charge multidisciplinaire de qualité pour ses bénéficiaires.

Le second volume présente les accomplissements de SANAD dans le domaine de l’assistance psychologique, médicale, sociale et juridique de ses bénéficiaires. Il détaille notamment les innovations mises en œuvre dans le cadre de l’assistance juridique avec la création d’un groupe d’action judiciaire, SANAD Elhaq et l’initiation de plusieurs contentieux stratégiques devant les justices pénale et administrative visant à faire cesser les atteintes arbitraires aux libertés des bénéficiaires et à leur rendre justice pour les violences subies.

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