Treize ans après Siliana, Gabès confirme : la protestation peut rester civique

Treize ans après la marche d’exode symbolique des habitants de Siliana, réprimée violemment par les forces de l’ordre, les Gabésiens ont à leur tour manifesté pacifiquement pour exiger un environnement sain et dénoncer la pollution du complexe chimique local. Contrairement à Siliana, cette mobilisation s’est déroulée dans le calme, sous l’encadrement des autorités, illustrant le civisme et la responsabilité des citoyens face à des enjeux cruciaux pour leur vie et leur santé.
La marche pacifique des habitants de Gabès, le mardi 21 octobre 2025, rappelle un autre événement similaire qui avait marqué les esprits il y a treize ans. Le 28 novembre 2012, après plusieurs jours d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, la répression avait été particulièrement sévère dans la ville de Siliana. Les forces de sécurité avaient alors utilisé des chevrotines pour disperser la foule, causant des blessures graves, notamment aux yeux de plusieurs citoyens.
Pourtant, loin de céder à la violence ou à la panique, les habitants ont choisi une forme de protestation empreinte de civisme et de symbolisme : une « marche d’exode » vers Tunis, laissant derrière eux leurs foyers, mais portant un message clair et responsable au pouvoir central : « Tu peux bien gouverner, mais tu gouverneras seul ».
Cette mobilisation pacifique démontrait la conscience citoyenne des Silianais, attachés à leurs droits, mais refusant de céder à l’énervement ou aux actes destructeurs. Les revendications portaient sur la marginalisation persistante de la région, l’absence de développement, l’inaction des autorités locales et le maintien en poste d’un gouverneur jugé défaillant, mais elles ont été portées dans un esprit de dignité et de responsabilité, loin de toute violence.
Treize ans plus tard, les Gabésiens ont repris ce flambeau du civisme en marchant pacifiquement dans les principales artères de leur ville pour réclamer un air pur et dénoncer la pollution provoquée par les rejets de phosphogypses du complexe chimique local. Contrairement à Siliana, les forces de l’ordre ont cette fois encadré les manifestants, garantissant le bon déroulement de la marche sans recours à la violence.
Des milliers de citoyens, hommes et femmes de tous âges, ont exprimé leur colère et leur exaspération à travers des slogans tels que « Nous voulons vivre » et « Gabès veut respirer », mais toujours dans le calme et la discipline. Cette marche, largement suivie, illustre la volonté collective des habitants de défendre leur droit à un environnement sain et à la vie, tout en démontrant que la protestation citoyenne peut se manifester avec responsabilité et maturité, sans recourir à la violence ni à la destruction.
Brahim Oueslati
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