Trois chefs d'Etat appellent à un cessez-le-feu immédiat à Gaza
Les présidents français Emmanuel Macron, égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le Roi de Jordanie Abdallah II ont appelé, hier lundi, à un cessez-le-feu "immédiat" et à la libération de "tous les otages" à Gaza, mettant en garde Israël contre les "conséquences dangereuses" d'une offensive à Rafah.
Voici l’intégralité de l’appel des trois dirigeants :
"La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu’elle entraîne doivent cesser immédiatement. Aucune paix au Moyen-Orient ne pourra procéder du terrorisme, de la violence ou de la guerre. Elle résultera de la solution des deux Etats. C’est la seule option crédible pour garantir paix et sécurité pour tous et faire en sorte que ni les Israéliens ni les Palestiniens n’aient à revivre les horreurs qui les ont frappés depuis les attentats du 7 octobre 2023.
Le 25 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies a finalement assumé ses responsabilités en exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Il s’agissait d’une étape cruciale, qui doit être mise en œuvre sans plus attendre.
Face au nombre intolérable de victimes, nous, chefs d’Etat de l’Egypte, de la France et de la Jordanie, demandons une mise en œuvre immédiate et inconditionnelle de la résolution 2 728 du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous soulignons la nécessité urgente d’instaurer à Gaza un cessez-le-feu permanent.
Nous insistons sur l’urgente nécessité de mettre en œuvre l’appel du Conseil de sécurité pour la libération immédiate de tous les otages et réaffirmons notre soutien aux négociations menées avec la médiation de l’Egypte, des Etats-Unis d’Amérique et du Qatar portant sur le cessez-le-feu, les otages et les prisonniers.
Exhortant toutes les parties à respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, nous mettons en garde contre les conséquences dangereuses d’une offensive israélienne à Rafah, où plus de 1,5 million de civils palestiniens ont trouvé refuge. Une telle offensive ne fera qu’accroître les pertes humaines et les souffrances, aggraver le risque et les conséquences d’un déplacement forcé massif de la population de Gaza et entraîner une menace d’escalade dans la région.
Nous réaffirmons notre égal respect de toutes les vies. Nous condamnons toutes les violations du droit international humanitaire, notamment tous les actes de violence et de terrorisme et les attaques indiscriminées contre les civils. La protection des civils est une obligation juridique fondamentale qui incombe à toutes les parties et constitue la pierre angulaire du droit international humanitaire. Il est absolument interdit d’y contrevenir.
Les Palestiniens de Gaza ne sont plus seulement exposés à un risque de famine ; celle-ci s’installe déjà. Une augmentation massive de la fourniture et de la distribution de l’aide humanitaire est nécessaire de toute urgence. Cette demande est au cœur des résolutions 2 720 et 2 728 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui insistent sur la nécessité urgente d’augmenter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Les institutions des Nations unies, notamment l’UNRWA [l’agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient], et les acteurs humanitaires jouent un rôle essentiel dans les opérations humanitaires à Gaza. Ils doivent bénéficier d’un accès total et sûr, y compris à la partie nord de la bande de Gaza. Nous condamnons les attaques ayant conduit à la mort de travailleurs humanitaires, et tout récemment l’attaque contre un convoi d’aide de l’ONG World Central Kitchen.
Conformément au droit international, Israël a l’obligation de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à la population palestinienne, mais il ne s’est pas acquitté de cette responsabilité. Nous réaffirmons la demande du Conseil de sécurité que toutes les entraves à la fourniture d’une aide humanitaire soient levées et qu’Israël facilite l’utilisation de tous les points de passage pour acheminer cette aide humanitaire, y compris dans le nord de la bande de Gaza et par un couloir terrestre direct avec la Jordanie, ainsi que par la mer.
Nous, chefs d’Etat de l’Egypte, de la France et de la Jordanie, sommes déterminés à intensifier nos efforts pour répondre aux besoins humanitaires, médicaux et sanitaires de la population civile de Gaza, en étroite coordination avec le système des Nations unies et avec nos partenaires régionaux.
Enfin, nous soulignons à quel point il est urgent de faire renaître un espoir de paix et de sécurité pour tous dans la région, en premier lieu pour les peuples palestinien et israélien. Nous soulignons notre détermination à continuer de travailler ensemble pour éviter de nouvelles violences dans la région, et nous appelons tous les acteurs à s’abstenir de toute attitude escalatoire. Nous demandons instamment qu’il soit mis fin à toutes les mesures unilatérales, notamment les activités de colonisation et la confiscation de terres. Nous exhortons également Israël à empêcher la violence des colons.
Nous soulignons la nécessité de respecter le statu quo historique et juridique des lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem et le rôle du waqf jordanien [institution sous contrôle d’Amman qui administre les lieux saints] sous la tutelle hachémite.
Nous affirmons notre détermination à intensifier nos efforts conjoints pour faire aboutir effectivement la solution des deux Etats. L’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain sur la base de la solution des deux Etats, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité, est la seule manière de réaliser une paix durable. Le Conseil de sécurité des Nations unies a un rôle à jouer dans la réouverture décisive de ces perspectives de paix".
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