Tunisie : des signes d’amélioration selon OBG

Tunisie : des signes d’amélioration selon OBG

Après une année 2010 marquée par une croissance d’environ 3 %, les experts s’accordent à dire que le PIB accusera certainement un léger recul

en 2011, pour atteindre à peine plus de 1 %, en raison des bouleversements politiques nationaux et régionaux. Cependant, les événements récents, notamment les améliorations des perspectives de notation de crédit et les solides performances du pays à l’exportation au cours des quatre premiers mois de l'année, offrent une lueur d’optimisme.

Au dernier trimestre 2010, la croissance du PIB s’est établie à 3.1 %, selon l’Institut national de la statistique (INS), ce qui a porté la croissance totale de l’année à 3 %. Le secteur industriel a progressé de 8.5 % en 2010, une augmentation partiellement attribuable à la hausse de 6 % observée dans le segment principal, le segment du textile, tandis que le secteur tertiaire a enregistré une hausse de 5.4 %, qui inclut une croissance de 4.3 % du secteur du tourisme (hôtels et restaurants), une expansion de 5 % du secteur des services financiers, et une croissance de 13.5 % des services postaux et de télécommunication. Les secteurs agricole et halieutique n’ont pas été aussi performants, puisqu’ils ont accusé un recul de 8.7 %, toujours d’après les données de l’INS.

Les résultats 2011 s’annoncent cependant très différents. Outre les difficultés associées aux agitations politiques qui ont marqué le début de l'année, telles que la baisse du nombre de touristes, l'économie tunisienne a également souffert du conflit qui a frappé la Libye voisine, partenaire commercial et pays d'origine de nombreux touristes voyageant en Tunisie. Au mois de mars, la Banque africaine de développement (BAD) a publié un compte-rendu sur la situation en Tunisie, dans lequel étaient présentés trois scénarios de croissance économique pour l’année à venir.

Selon le scénario intermédiaire, le PIB affichera une croissance de 1.1 %, un chiffre qui concorde approximativement avec les prévisions du gouvernement (1 %) et du FMI (1.25 %). Cette prévision repose sur une chute de 20 % des revenus du tourisme en glissement annuel, conséquence des troubles du mois de janvier.

D’après ce scénario, le déficit de la balance des transactions courantes, qui s’établissait à 4.7 % du PIB en 2010, s’aggravera pour atteindre 7.6 % du PIB, en raison de différents facteurs, tels que la baisse des revenus issus du tourisme.

Par ailleurs, les récentes flambées des prix internationaux du blé exerceront certainement une pression sur les déficits de la balance commerciale et de la balance des transactions courantes, compte tenu de l’importante consommation de blé par habitant en Tunisie, ainsi que sur le déficit fiscal (le gouvernement subventionne la production de pain). Selon les prévisions du scénario intermédiaire de la BAD, celui-ci devrait passer de 2.6 % en 2010, d’après les estimations, à 5.2 %.

Néanmoins, les performances économiques de la Tunisie pourraient se révéler plus favorables que ces prévisions unanimes. Le plus optimiste des trois scénarios anticipe une croissance de 3.6 % en 2011, puis de 4.2 % en 2012. Cela dépendra d’un retour durable à la normalité, de la reprise rapide du secteur touristique (au niveau enregistré en 2010, à savoir 95 % de revenus issus du tourisme), de solides investissements directs étrangers (IDE) et d’un plan de relance ciblé.

Dans le scénario le plus défavorable, en revanche, la BAD anticipe un recul de 2.5 % en 2011, si l’instabilité politique et sociale se prolongeait. Selon la banque, cette situation pourrait entraîner une réduction très nette des investissements publics et privés, et une hausse importante des recrutements dans le secteur public, ce qui aurait pour conséquences une hausse du déficit fiscal, une aggravation du déficit de la balance des transactions courantes et un renforcement de la pression inflationniste.

Si le compte-rendu de la BAD fait état de sérieuses difficultés, notamment les problèmes politiques et de sécurité, la pression sur l’économie et le problème sous-jacent et généralisé du chômage des jeunes, il souligne cependant que le retour au calme général dans la plupart du pays et le soutien du peuple tunisien aux actions du gouvernement provisoire au cours des deux premiers mois de transition politique justifient un « optimisme prudent ». Ce compte-rendu indique également qu’une transparence accrue et un meilleur environnement commercial, ainsi qu’un régime économique potentiellement plus libéral, pourraient contribuer à une amélioration significative de la croissance à long terme.

D’autres observateurs semblent partager cet optimisme. Mi-mars par exemple, suite à plusieurs baisses des notations de crédit au plus fort des agitations politiques du mois de janvier, Standard & Poor’s a retiré la Tunisie de sa liste de crédits sous surveillance, et revu sa prévision à « stable ».

En outre, plusieurs données récemment publiées viennent appuyer l’optimisme croissant sur les perspectives de la Tunisie. Les exportations ont progressé de 11.1 % en glissement annuel au cours des quatre premiers mois 2011, pour s'établir à 8.12 milliards de dinars tunisiens (4.09 milliards d’euros).

Les exportations de biens de consommation ont augmenté de 14%. La croissance des exportations, chiffrées à 10.51 milliards de dinars tunisiens (5.29 milliards d’euros) a dépassé de 5.1 % la croissance des importations, et a ainsi permis de réduire le déficit commercial de 11.3 %.

Les IDE ont chuté de 24.5 % en glissement annuel, passant de 594 millions de dinars tunisiens (299 millions d’euros) au cours des quatre premiers mois 2010 à 449 millions de dinars tunisiens (226 millions d’euros), d’après l’Agence de promotion de l’investissement extérieur. Cependant, certains secteurs ont enrayé la tendance. Par exemple, les IDE dans le secteur tertiaire, chiffrés à 62.1 millions de dinars tunisiens (31.3 millions d'euros), se sont envolés de 15 % en glissement annuel au cours du premier trimestre 2011, en partie grâce aux investissements massifs dans les télécommunications.

Pour assurer la stabilité économique à venir, le gouvernement provisoire actuel cherche à obtenir 25 milliards de dollars d’investissements, de crédits et d’aides au cours des cinq prochaines années. Dans le cadre du plan Jasmin, le gouvernement constituera également un fonds public afin d’investir dans des projets d'infrastructure majeurs, ainsi qu'un second fonds visant à soutenir les entreprises locales.

La communauté internationale semble très encline à apporter son aide afin d’assurer au pays une transition démocratique sans heurt. En effet, un groupe d’économistes internationaux influents appelle le G8 à verser des sommes semblables à celles sollicitées par le gouvernement et le président américain Barack Obama fin mai, et demande au FMI et à la Banque mondiale de présenter un plan visant à stabiliser l’économie tunisienne.

source: Oxford Business Group