Tunisie: gel des activités du Forum des droits économiques et sociaux

Après la suspension de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), les autorités ont décidé de geler, pendant un mois, les activités du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une organisation de référence dans la défense des droits sociaux et économiques en Tunisie.
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, le porte-parole du Forum, Romdhane Ben Amor, a précisé que cette décision lui a été communiquée à travers une formule administrative standardisée, identique à celle utilisée récemment pour plusieurs autres associations et organisations.
Ben Amor a affirmé : « Ce qui se passe aujourd’hui peut se reproduire demain. Rien ne nous fera peur ni n’affaiblira notre détermination. Où que nous soyons — au sein de notre organisation, dans les rues ou ailleurs — nous resterons fidèles aux opprimé·e·s, plus résolus que jamais à porter leurs voix, à partager leurs préoccupations et à défendre leurs espoirs. »
Fondé en 2011, dans le sillage de la révolution, le FTDES s’est imposé comme un acteur majeur du suivi des inégalités sociales, des mouvements sociaux, des politiques publiques et des migrations. Ses rapports réguliers sur la pauvreté, le chômage, la marginalisation régionale et les flux migratoires irréguliers ont souvent nourri le débat public et orienté les politiques sociales.
Cette suspension s’inscrit dans un contexte de durcissement des relations entre les autorités et plusieurs organisations de la société civile. Ces dernières dénoncent une série de mesures administratives touchant des associations actives dans la défense des droits et des libertés.
La suspension du FTDES, qui intervient peu après celle de l’ATFD, ravive les inquiétudes sur la liberté d’association et la place de la société civile dans le paysage démocratique tunisien. Plusieurs acteurs associatifs redoutent une remise en cause du cadre légal établi par le décret-loi 88 de 2011, qui garantit la liberté de création et d’activité des associations.
Les autorités justifient cette mesure par des « manquements » au décret-loi n°88 régissant les associations.
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