Tunisie: Il est temps de mettre en place un plan pour sortir de la crise actuelle

Tunisie: Il est temps de mettre en place un plan pour sortir de la crise actuelle

Actuellement en Tunisie, les indicateurs montrent que les réserves de change risquent l’épuisement dans la période à venir en l’absence de revenus suffisants pour maintenir la
stabilité de ces réserves à des niveaux sûrs.

L’absence de financements extérieurs incitera incontestablement les autorités tunisiennes à utiliser les réserves de change pour éviter des scénarios de défaut de paiement des dettes extérieures, sachant que les réserves de change risquent de chuter à un niveau inquiétant avant la fin du premier semestre.

Le risque de défaut de paiement est très probable à mesure que les devises se déprécient et que les charges de remboursement montent en flèche.

Il est probable que les pressions vont s’intensifier avec la fin du premier trimestre de l’année 2023 avec les échéances de paiement des dettes extérieures, compte tenu du
déficit budgétaire actuel estimé à 8 milliards de dinars. En effet, la Tunisie doit payer environ 16 milliards de dinars de dette en principal seulement au cours de l’année 2023.

Le pays est au fond du trou. Dans une telle situation, la première chose à faire est d’arrêter de creuser. Or, en Tunisie, au lieu de réfléchir à comment en sortir, nous creusons plus vite.

Il est nécessaire que les Tunisiens et d’autres acteurs proposent un plan qui sorte la Tunisie de sa gestion économique d’Ancien Régime, dans lequel les nœuds gordiens entre l’État et le secteur privé sont coupés. Sans une telle réflexion stratégique, la faillite de la Tunisie est inéluctable, et elle fera mal, très mal à la géopolitique d’une Europe en guerre et en récession gravissime. De nouvelles turbulences en Tunisie, alors que le pays ne parvient pas à se réformer et tombe dans une pauvreté encore plus grande, ne feraient
qu’accélérer le rétrécissement stratégique déjà évident dans les relations entre l’UE et les pays du Maghreb.

En Tunisie, où l’État, aussi faible soit-il, est debout, une réponse financière unie et généreuse pourrait être le geste stratégique le plus intelligent que l’UE puisse offrir, un geste qui évitera des politiques encore plus douloureuses et coûteuses dans quelques années.

Mais cela doit se faire dans le contexte d’un monde qui se remet de la Covid-19 et qui a vu les niveaux d’endettement augmenter considérablement. La reprise dans les marchés
émergents est beaucoup plus faible que dans les pays riches où le rebond économique est plus fort. Les pressions inflationnistes remettent en question les politiques monétaires
des pays riches, qui s’attendent à des taux d’intérêt plus élevés. Dans les économies émergentes, les niveaux d’endettement sont insoutenables et le président de la Banque
mondiale lui-même a mis en garde contre des défauts de paiement désordonnés.

Notre pays a déjà montré, par la passé,qu’il était capable de passer d’une situation de crise larvée à une autre propice au développement: ce fut le cas au lendemain de l’indépendance en 1956, avec le plan d’ajustement structurel convenu avec le FMI en 1986 et qui s’est rapidement traduit par une reprise de la croissance économique allant de 5 à 7 % au cours des années 1990-2010.

Bien en tendu, il a fallu pour cela un Etat fort, une stabilité politique à toute épreuve et une grande discipline financière. Les partis qui ne s’expriment pas sur les intérêts réels du pays ou ne défendent pas les groupes sociaux n’offrent pas de véritable débat. 

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

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