Tunisie : La guerre des pharmacies - Un secteur sous tension et des appels à la réforme

Tunisie : La guerre des pharmacies - Un secteur sous tension et des appels à la réforme

Une intervention médiatique explosive a remis sur le devant de la scène le débat houleux sur la régulation du secteur pharmaceutique en Tunisie. Sur la chaîne Youtube « L'EXPERT», un intervenant a dénoncé avec virulence l’emprise de ce qu’il a qualifié de « lobbies de la pharmacie », pointant du doigt des lois qu’il juge « injustes et obsolètes », étouffant la concurrence et nuisant in fine aux citoyens.

Au cœur de la polémique : une réglementation qui, selon ses détracteurs, bloque artificiellement l’ouverture de nouvelles officines malgré des besoins criants. L’exemple frappant de zones densément peuplées en plein centre de Tunis, comptant des dizaines de milliers d’habitants sans aucune pharmacie de garde nocturne, a été brandi comme le symbole d’un système défaillant. « La loi actuelle sert des intérêts particuliers et empêche une concurrence loyale », a asséné le témoin, dépeignant un cadre législatif qui protège les acteurs en place au détriment de l’intérêt général.

Au-delà du nombre, la question de la compétence

La critique ne s’arrête pas au simple verrouillage numérique. L’intervenant a également fustigé les pratiques de gestion au sein de certaines pharmacies, soulignant un « manque de compétence dans la gestion des stocks et des produits sensibles ». Cette accusation grave soulève des questions sur la qualité du service et la sécurité sanitaire, en plus de l’accessibilité géographique.

Face à ce constat sévère, la solution avancée est une révision en profondeur du cadre juridique. Le plaidoyer est clair : il est urgent d’adapter la loi pour permettre l’arrivée d’un nouveau sang, d’une génération de pharmaciens formés aux enjeux modernes.

Modernisation et IA : L’impératif d’une révolution numérique

L’appel à la réforme ne se fait pas dans la nostalgie, mais bien tourné vers l’avenir. Le discours insiste sur la nécessité d’intégrer les transformations technologiques et digitales, citant explicitement l’émergence de l’intelligence artificielle comme un levier potentiel pour moderniser la profession. L’IA pourrait en effet révolutionner la gestion des stocks, la prédiction des ruptures, le suivi des patients ou encore l’analyse des interactions médicamenteuses.

« La loi n’est ni un Coran ni une Constitution éternelle », a martelé le protagoniste de ce débat, résumant ainsi son plaidoyer pour un pragmatisme législatif. L’idée force est que le texte doit évoluer pour se mettre au service de la nation et des besoins changeants de sa population, et non l’inverse.

*Un débat qui dépasse les frontières*

Si le débat est particulièrement vif en Tunisie, la tension entre la protection d’une profession régulée et la nécessité de libéraliser partiellement le secteur pour mieux servir le public est un sujet récurrent dans de nombreux pays. La question de fond reste : comment trouver le juste équilibre entre la garantie d’un service de qualité, assuré par des professionnels qualifiés, et la nécessaire accessibilité et modernisation d’un maillon essentiel de la chaîne de santé ?

La controverse lancée assure que cette question brûlante restera, encore un temps, sous les feux de l’actualité tunisienne.

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