Tunisie-la statistique qui dérange : 40 % des détenus privés de liberté sans verdict

La détention préventive est devenue l’un des maillons faibles du système judiciaire tunisien. Selon le Centre El Kawakibi pour les transitions démocratiques, plus de 40 % des personnes incarcérées n’ont pas encore été jugées. Un chiffre saisissant, qui révèle une dérive inquiétante : la banalisation d’une mesure censée rester exceptionnelle.
Une mesure d’exception devenue norme
Dans les tribunaux, la détention préventive semble s’imposer comme un réflexe. Là où un contrôle judiciaire suffirait, la privation de liberté est trop souvent retenue, alimentant jour après jour les effectifs déjà surchargés des prisons. Lenteur des procédures, manque d’alternatives et culture judiciaire conservatrice : les causes s’additionnent et entretiennent un cercle vicieux.
Un indicateur alarmant
Le chiffre avancé par le Centre El Kawakibi fait office de signal d’alarme : près d’un détenu sur deux attend encore son jugement. Une proportion qui place la Tunisie parmi les pays où la détention préventive est largement surutilisée, au détriment des droits fondamentaux des prévenus.
Des prisons au bord de l’asphyxie
Conséquence directe : une surpopulation carcérale devenue structurelle. Les établissements pénitentiaires doivent composer avec des cellules trop petites, une absence d’intimité, un accès limité aux soins et un climat tendu. La promiscuité exacerbe les violences, complique le travail des gardiens et fragilise les programmes de réinsertion.
Une réforme devenue urgente
Face à ce constat, les organisations de défense des droits humains appellent à une remise à plat du recours à la détention préventive. Accélérer les procédures, instaurer des mesures alternatives comme le bracelet électronique, et réaffirmer le caractère exceptionnel de la privation de liberté : autant de pistes pour desserrer l’étau sur les prisons tunisiennes.
Avec TAP
Votre commentaire