Tunisie : les coupures d’électricité se multiplient, les citoyens à bout

Tunisie : les coupures d’électricité se multiplient, les citoyens à bout

En pleine vague de chaleur exceptionnelle, la Tunisie subit depuis le début de la semaine une série de coupures d’électricité, plongeant villes et villages dans l’obscurité pendant plusieurs heures.

De Tunis à Gafsa, en passant par Sfax, Sousse ou Kairouan, ces coupures, soudaines et imprévisibles, affectent aussi bien les foyers que les entreprises, alimentant un profond sentiment d’abandon chez les citoyens.

Alors que le pays suffoque sous une chaleur accablante, la STEG (Société Tunisienne de l'Électricité et du Gaz) n’a trouvé comme solution préventive que d’avoir recours à des coupures volontaires et à des délestages pour éviter une paralysie totale du réseau électrique, voire un effondrement généralisé (blackout).

Le comble : les citoyens ne sont pas informés à l’avance du calendrier de ces délestages, ni de leur durée, alors qu’ils deviennent de plus en plus fréquents.

Réseau vétuste, gestion défaillante

Selon plusieurs experts du secteur, les causes de cette crise sont multiples. L’infrastructure de la STEG, unique acteur public en charge de la production et de la distribution d’électricité, est jugée vétuste et incapable de répondre à la demande croissante, surtout durant ces périodes de forte consommation.

La demande en électricité explose, portée notamment par l’usage massif de la climatisation, tandis que l’offre, elle, ne suit pas.

Le manque d’investissements, l’absence de diversification énergétique, la très lente progression du développement des énergies renouvelables et l’impossibilité de recourir à l’énergie nucléaire, ainsi qu’une gouvernance jugée opaque ne font qu’aggraver la situation.

La production d’électricité dépend encore largement du gaz naturel, dont 55 % est importé. Le pays ne couvre plus que 45 % de ses besoins en gaz, important le reste à prix fort, dans un contexte où les finances publiques sont déjà fortement sous pression.

L’économie paie le prix fort

Au-delà des désagréments quotidiens, les coupures d’électricité ont un impact économique important. Dans les zones industrielles, certaines usines sont à l’arrêt. Dans les quartiers commerçants, des magasins ferment temporairement ou jettent des stocks périssables. Dans les cabinets médicaux, les professionnels tentent de s’organiser comme ils peuvent pour maintenir leurs activités.

Même constat dans les grandes surfaces, où les groupes électrogènes peinent à prendre le relais. Selon diverses estimations, les pertes se chiffrent en millions de dinars.

Une passivité surprenante

Ce qui surprend le plus dans cette situation critique, c’est l’absence de réaction des autorités et le manque flagrant de communication. Aucun calendrier de délestage n’a été officiellement publié alors que les coupures deviennent de plus en plus fréquentes.

La STEG reste silencieuse, et le ministère de l’Industrie et des Mines n’a, à ce jour, proposé aucune solution concrète.

Sur les réseaux sociaux, les Tunisiens partagent des photos et vidéos de bougies, de congélateurs débranchés ou de rues plongées dans le noir- autant de signes d’exaspération qui témoignent de l’ampleur du malaise face à une situation devenue insoutenable et qui risque de s’aggraver si nos gouvernants ne comprennent pas que la dépendance énergétique représente un enjeu majeur pour la Tunisie.

Ines Morchdi

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