Tunisie-UE : Mieux qu’un plan Marshall, un plan Juncker ?

Tunisie-UE : Mieux qu’un plan Marshall, un plan Juncker ?

 

Le partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) est théoriquement de très haut niveau et on ne cesse de parler, dans les sphères officielles, de part et d’autre, d’une coopération stratégique et privilégiée. Mais est-ce le cas dans la réalité ?
Si on fait parler les chiffres, on constate que depuis 2011, l’UE a accordé 1,2 milliard d’euros sous forme de dons et 800 millions à titre de prêts concessionnels. Depuis 2011, l’Union a accordé à la Tunisie le statut de « partenaire privilégié », avant de le faire passer, récemment, à celui de « partenaire stratégique ».
Or, certains considèrent que la phase des négociations en vue de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) a eu des répercussions négatives et suscité des craintes réelles du côté de la rive Sud de la Méditerranée.
Des économistes et des politiciens dont notamment, Ahmed Ben Mustapha, diplomate, ancien ambassadeur tunisien, ont estimé que l’UE semble ne pas avoir réalisé, suffisamment à temps, que la Tunisie constitue une pièce maîtresse pour la stabilité dans la région. Plus particulièrement après la révolution de 2011.

Attention particulière pour pays particulier

En effet, la Tunisie est le seul pays de ce qu’on appelle le « Printemps arabe » à avoir réussi un vrai processus de transition démocratique sans heurts, ni violence. Grâce à un esprit de consensus, la Tunisie est en passe de devenir la seule vraie démocratie arabe malgré une conjoncture difficile, d’où les menaces surtout d’ordre économique et social qui pèsent sur cette naissance.
Le gouvernement tunisien attend toujours la mise en application des promesses évoquées par le Parlement européen en septembre 2016 pour un plan Marshall qui réparerait une partie des préjudices subis par ce pays suite aux déséquilibres géopolitiques régionaux.
Le Parlement européen, tout en appelant à convertir la dette tunisienne en projets d’investissement, est persuadé que « la situation en Tunisie justifie la mise en œuvre d’un véritable plan Marshall en sa faveur ».


Dans le même ordre d’idées, Hervé Morin, député de l’Eure et ancien ministre français, assure que la Tunisie ne doit pas tomber et que la situation dans ce pays « justifie rien de moins qu'un plan Marshall adapté aux circonstances qu'il faut réinventer pour le pays du jasmin, et pour le Maghreb ».
C’est dans cette conjoncture que les députés européens, conscients de l’état des lieux dans notre pays, annoncent, pour le mois de septembre 2017, la création d’un fonds Juncker bis, en faveur des pays de la rive sud de la Méditerranée.
Bon à savoir que le plan Juncker pour la Méditerranée sera doté de 44 milliards d’euros, avec un potentiel de duplication via l’effet de levier. Il sera présenté, donc, au Parlement européen au mois de septembre prochain. Et les députés assurent qu’il sera mis en exécution sitôt qu’il sera voté.
L’objectif étant de réaliser son Plan de développement sans avoir à solliciter le marché international, il s’agirait d’une opportunité idoine d’émancipation financière dans la mesure où cette manne d’Investissements directs étrangers (IDE) et de financement de la dette publique contribuera à compléter le financement qui fait défaut à la Tunisie.
Sans prétendre comparer ce qui a été fait pour la Grèce, certains économistes estiment que l’UE pourrait accorder un traitement de faveur à la Tunisie, rien que pour lui permettre de sauver son projet de société, devenu un modèle du genre pour la rive Sud de la Méditerranée.
A titre de rappel, on mentionne que l’aide de l’Europe pour la Grèce pour relancer son économie en 2015 a atteint 245 milliards de dollars soit plus de 100% de son PIB ! Le PIB de la Grèce en 2014 s’élevait à 236,4 milliards de dollars soit 4,8 fois celui de la Tunisie !
Quant à la dette extérieure de la Grèce, elle est de 420 milliards de dollars, soit 177% de son PIB.
La population de la Grèce  est de11 millions de personnes dont 5 millions actives et celle de la Tunisie est de 11 millions de personnes dont 4 millions actives.

Mesures spécifiques pour la Tunisie

L’Union européenne pourrait, dans ce sens, généraliser, un tant soit peu, la démarche adoptée en faveur de l’huile d’olive tunisienne.
On rappelle que la Commission européenne a adopté, fin 2015, une proposition de loi émanant du Parlement européen offrant à la Tunisie un accès additionnel temporaire sur le marché européen pour l'exportation d'huile d'olive. Ce qui permet d'offrir à la Tunisie un quota tarifaire unilatéral exempté de droit de douane d'un volume de 35 mille tonnes d'huile d'olive jusqu'en 2017, en plus des 56.700 tonnes déjà prévus par l'accord d'association entre la Tunisie et l’UE.

Noureddine HLAOUI

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