Tunisie : un militant PDP répond aux détracteurs de son Parti
Confronté à de nombreuses critiques sur le fond comme sur la forme, le Parti Démocratique Progressiste (PDP) est peut être victime de son succès.
Il s’agirait, selon certains « d’une campagne de dénigrement contre un parti qui prend de l’ampleur. »
Certaines personnes en sont même arrivées aux mains à en croire une militante du PDP qui était présente à Sfax dans le cadre d'une campagne de propreté initiée par son parti. Selon sa version, elle aurait été agressée par des sympathisants du parti Ennahdha !
Dans la tribune qui suit, un militant de ce parti, M. Sadri Sancho, répond aux « actions de diffamation et de désinformation à l’encontre du PDP » et explique la démarche du PDP en vue des élections de la Constituante dans un article intitulé « Le PDP a choisi la voie pour l'union. D'autres partis préfèrent l'union pour les voix »
« Nombreux sont les tunisiens qui considèrent ou qui sont conduits à considérer que le PDP veut faire cavalier seul. La question est posée et mérite d’être examinée et tirée au clair.
Tout d’abord, il est impératif de connaître le PDP pour mieux aborder le sujet. Fondé en décembre 1983 et légalisé en 1988, le PDP est un parti ayant une histoire, des racines, des militants, des valeurs et des principes, un parti ayant lutté sans plier pour le droit à l’existence et à la participation à la vie politique, un parti ayant milité sans concession pour les droits fondamentaux du citoyen que sont la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, la citoyenneté et la justice, un parti ayant sans cesse revendiqué l’obligation du pluralisme politique, de la séparation des pouvoirs et de l’alternance au pouvoir.
De sa création au 13 janvier 2011, ce parti et ses dirigeants, ont été opprimés et persécutés par les régimes qui gouvernaient, qui ont fait usage de tous les moyens afin de neutraliser et de dissuader toute action d’opposition politique. Ces pratiques communes à tous les régimes dictatoriaux, n’ont fait que renforcer la motivation du PDP à agir et à militer pour mettre fin à la dictature.
Le PDP a été le premier parti à avoir activement milité dans les régions qui se sont soulevées, et à avoir participé aux manifestations et aux sit-in à travers le pays, qui ont abouti à la libération le 14 janvier 2011.
Certains de ses membres ont payé de leurs personnes après avoir été emprisonnés.
Faut-il rappeler, à juste titre d’ailleurs, qu’au moment où les émeutes sociales atteignaient leur paroxysme, et où des tunisiens tombaient sous les balles réelles, Ahmed Néjib Chebbi était le seul à avoir appelé, le 9 janvier 2011, à un gouvernement de salut national, à des élections générales et à une transition démocratique.
Fidèle à ses prises de position, le PDP a décidé de participer au premier gouvernement de transition qui se voulait d’union nationale et de réunification. C’était à mon sens une décision courageuse malgré tous les risques que cela comprenait. Participer, même dans l’adversité, permettait de mieux se rendre compte de ce qui se passait et de jouer le cas échant son rôle d’opposition à toute tentative de détournement ou d’avortement de la révolution.
Fini le rôle de parti d’opposition, le PDP s’est rapidement muté en parti de proposition : proposition d’un projet de société pour la nation. Pour ce faire, il s’est doté en parallèle au bureau politique existant, d’un think-tank (ou groupe d’experts et de conseillers couvrant tous les domaines : social, économie, développement régional, finances, santé, culture, enseignement, justice, sécurité, …), pour élaborer un projet de société à travers un programme réformateur, ambitieux et réaliste.
De part sa présence et son activité sur le terrain dans l’ensemble des régions du pays, depuis plus de vingt ans, le PDP a conçu son programme autour des axes suivants :
1. La résolution des problèmes au quotidien du citoyen à savoir : le pouvoir d’achat, l’emploi, la santé, les loisirs et la culture, l’enseignement, le transport, la justice sociale, etc...
2. La réforme en profondeur des structures de l’Etat, de manière à ce que ce dernier soit au service du citoyen et de la communauté d’une part, et de sorte à rétablir et pérenniser les valeurs fondamentales que sont la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité et la citoyenneté.
3. La décentralisation par la participation et la responsabilisation des régions quant aux programmes de développement régionaux et nationaux.
4. L’ouverture sur l’étranger et le libéralisme socio-économique par la dynamisation et la favorisation de l’investissement privé tunisien et étranger.
5. La séparation des pouvoirs.
6. L’alternance au pouvoir.
Ambitieux et pour se donner les moyens de son ambition, le PDP a mis en place sa stratégie pour mieux se faire connaître des Tunisiens et rétablir la confiance perdue en les politiciens et la politique d’une manière générale, et pour faire revivre l’espoir en un lendemain meilleur. Cette stratégie, qui d’ailleurs a été pratiquée par des partis politiques ambitieux, dans d’autres pays au lendemain de révolutions ayant abouti à la chute de dictatures, consiste en :
1. La tenue de meetings politiques dans toutes les régions du pays,
2. L’ouverture de bureaux de représentation dans les gouvernorats, dans les villes, dans les villages et dans les quartiers, pour une présence de proximité,
3. La présence dans les médias audiovisuels et sur les ondes radios, le web et les réseaux internet sociaux,
4. Les campagnes d’affichages publicitaires qui permettent d’associer le parti à ses principaux dirigeants.
Pour réaliser son ambition et les actions prévues à cet effet, des ressources financières importantes sont nécessaires. De ressources financières, le PDP n’en disposait point avant le 14 janvier 2011 mis à part les revenus modestes de la vente de son hebdomadaire "El Mawquif". Fallait-il attendre une subvention de l’Etat. Sûrement pas. La seule solution était le recours aux contributions et dons des personnes physiques et morales et aux cotisations des adhérents (symboliquement fixé à 5 Dinars).
Cependant, il a été décidé de n’accepter aucun financement provenant de l’étranger, ou émanant de personnes physiques ou morales suspectées d’avoir appartenu ou soutenu l’ancien pouvoir, ou soupçonnées de corruption ou de blanchiment d’argent. Tout don et toute contribution doivent se faire par d’un chèque et la comptabilité du PDP est mise à disposition de la cour des comptes et de tout autre organisme de contrôle et de surveillance des partis politiques.
Le PDP ainsi que les autres partis d’opposition, qui ont milité sans courber l’échine aux régimes dictatoriaux, se sont très vite organisés pour recouvrer leur rôle politique, asseoir leur crédibilité, convaincre, rassembler et fédérer.
Toutefois, le paysage politique tunisien a été totalement bouleversé après le 14 janvier 2011 par l’autorisation de plus de 80 nouveaux partis politiques. Ceci est l’expression de la démocratie et de la liberté d’expression et de la revendication dans sa forme la plus simple.
Seulement, le tunisien qui vient de conquérir la liberté d’expression et de revendication, n’en connaît pas forcément ni n’en mesure les limites et les dangers.
Et là, je reviens à mon point de départ à savoir si le PDP veut faire cavalier seul comme certains le prétendent.
Lors du congrès national du PDP en date du 9 avril 2011, M. Ahmed Nejib Chebbi a appelé les partis nouvellement créés, qui partagent les mêmes valeurs et qui ont la même approche politique, à se fédérer autour du PDP et éventuellement à une coalition. La raison était toute simple, en agissant seuls ces partis n’ont ni le savoir faire, ni les moyens humains et matériels pour réaliser leurs ambitions.
Certains de ces partis ont, dans un premiers temps, répondu à cet appel pour ensuite se rétracter. Se découvrant des ambitions sans limites, peut être légitimes, leurs dirigeants, aux egos parfois surdimensionnés, ont préféré faire cavalier seul.
Cependant, ces partis se sont aperçus récemment que leur jeunesse, leur inexpérience, leur manque de moyens humains et matériels, ne leur permettaient pas de réaliser leurs ambitions et encore moins de se faire entendre et de se faire valoir à large échelle. Leur ambition était, sans se voiler la face, un siège à la constituante.
Alors que reprochent-ils au PDP, de vouloir faire cavalier seul ? Si c’était vraiment le cas, il en a le droit et pleinement le droit. La démocratie exige que l’on respecte avant tout la volonté des autres.
Au PDP, les valeurs on y tient et fermement. Parmi ces valeurs, le respect. Le respect oblige à ne pas diffamer, à ne pas désinformer, et à ne pas s’attaquer aux personnes et aux institutions.
Le PDP a un programme, un planning et une ligne de conduite à laquelle il tient fermement. Le PDP ne s’intéresse pas à ce que font les autres partis politiques ; il focalise sur son programme et sur son planning. Le PDP dérange, à l’évidence.
Certains partis politiques, dépourvus de toute notion d’éthique, ayant des définitions de la démocratie, du respect et de la liberté, autres que celles universelles, se sont rendus compte qu’ils ne pourront atteindre leurs objectifs en demeurant seuls. Certains dirigeants de ces partis ont appelé puis ont formé une coalition. Qui de mieux que le PDP pour donner à cette coalition toute sa crédibilité et la certitude de réussir à atteindre les objectifs fixés.
Seulement, le mode de scrutin électoral choisi pour l’élection de la constituante va à l’encontre des intérêts des grands partis, et donc à fortiori des coalitions. C’est principalement pour cette raison que le PDP est contre la coalition avant la constituante. Après élection, le PDP est d’avis que la coalition se fera naturellement.
Voulant à tous prix compter le PDP dans leur coalition, certains dirigeants et membres de ces partis se sont transformés en donneurs de leçons. Œuvrant à des fins purement personnelles, et sous couverture de l’intérêt national suprême et du front contre l’intégrisme religieux, ils manœuvrent et incitent à toutes publications et à toutes actions de diffamation, de désinformation à l’encontre du PDP, et notamment à porter atteinte à ses valeurs, à sa crédibilité, et à la dignité de ses dirigeants.
Seulement, le tunisien n’est pas dupe. Il saura faire la différence entre la voie pour l'union choisie par le PDP, et l’union pour les voix que préfèrent certains de ces partis nouvellement créés.
La manière de voir et de concevoir à des fins personnelles, le PDP n’en veut pas. Il demeure et demeurera ouvert à tous les autres partis, à la seule condition de laisser les ambitions personnelles de côté et d’œuvrer réellement et véritablement pour l’intérêt suprême de la nation ».
Par Sadri Sancho
Militant PDP