Tunisie: Un régime politique à la portugaise !

Les élus de l’Assemblée nationale constituante sont parvenus, hier, à un accord sur la nature du prochain régime politique qui sera désormais adopté en Tunisie. Comme prévu, le choix des députés s’est porté sur un régime mixte qui s’inspire du modèle portugais qui garantit un équilibre des prérogatives entre le président de la République et le chef du gouvernement.

Rappelons que le régime politique est un modèle de démocratie où le pouvoir est stabilisé et limité. Le gouvernement a la maîtrise des rouages de l'institution parlementaire afin de conduire sa politique le temps d'une législature.

Le Chef du gouvernement demeure donc le détenteur du pouvoir exécutif mais comparé à l’état actuel des choses, ce pouvoir est limité politiquement par les nouveaux pouvoirs ajoutés au président, ainsi que par une opposition parlementaire reconnue et protégée par la Constitution. La puissance majoritaire est également limitée juridiquement par le principe de constitutionnalité. L'originalité de ce système politique est de confier au Chef de l'État un authentique pouvoir modérateur de la majorité.

Élu pour cinq ans au suffrage universel direct, le Président de la République détient d'importants pouvoirs surtout dans les crises. Il peut dissoudre le gouvernement et appeler les électeurs à un référendum. Il bénéficie d’un droit de veto qui n'existe ni dans le régime parlementaire, ni dans le régime présidentiel.

Instrument juridique de négociation institutionnelle, ce veto peut s'avérer être une arme politique redoutable. Ni gouvernée par les partis, ni gouvernée par les juges, la démocratie portugaise est animée par les partis et protégée par les juges. Le citoyen portugais y fait valoir directement sa volonté lorsqu'il vote, le justiciable y fait valoir ses droits lorsqu'il saisit le juge.

Signalons que la grande majorité des partis étaient pour ce régime mixte et qu’ils ont fini par convaincre Ennahdha de l’approuver dans l’intérêt de la Tunisie pour que dans l’avenir aucune autorité n’accapare tous les pouvoirs et ne dirige le pays à sa guise.

Kais Ben Mrad