Tunisie: Une nouvelle stratégie d’innovation pour l’essor du développement 

Tunisie: Une nouvelle stratégie d’innovation pour l’essor du développement 

Par Nouredine Ben Mansour (*)

En comparant les niveaux d’innovation au niveau du développement économique, ont peut indiquer que le Vietnam, l’Inde, le Kenya et la Moldavie se distinguent depuis quelques années en matière d’innovation par rapport à leurs propres  PIB. 

Pour les pays à revenu intermédiaire sur ce même critère on trouve les Caraïbes,  l’Afrique du Sud, la Thaïlande, la Géorgie et le Kenya. Pour les pays à faible revenu ce sont : le Burundi, le Mozambique et le Rwanda dont ces derniers ont enregistré d’importants succès en innovation.  

D’une manière générale, les activités des innovations restent encore concentrées dans un nombre réduit de pays qui ont une importante avancée sur tous les domaines. Actuellement, l’Asie se considère comme le point focal de l’innovation. Certains pays à faibles revenus essayent de rattraper les pays performants.

En 2019, la Suède, la Suisse et les USA sont au top de l’innovation. Quant à la Chine, qui fait partie des pays à revenu intermédiaire, elle se trouve à la quatorzième place. Pour les régions d’Afrique du Nord, l’Asie occidentale et Asie du sud ce sont : Chypres, Israël, Emirats Arabes, Singapour, Hongkong et République du Corée du Nord sont les pays les plus performants en innovation.

Le classement de la Tunisie en tant que pays à revenu intermédiaire inferieur est le suivant : Géorgie,  Inde, Kenya, Mongolie, Philippine, Moldavie,  Ukraine, Vietnam, Tunisie, Maroc, Indonésie, Sri-Lanke et Kirghizstan.                                    
La plupart des pôles scientifiques et technologiques se trouvent aux Etats-Unis d’Amérique, en Chine et en Allemagne; le Brésil, l’Inde, l’Iran et la Fédération de Russie. Actuellement  la Turquie figure également parmi les 100 premiers pays du classement. Aussi certains pays à revenu intermédiaire continuent de monter en puissance.

Quelle est la situation réelle de la politique d’innovation en Tunisie et quelle est la stratégie engagée dans ce domaine scientifique ?  Depuis un certain temps, la Tunisie s’est dotée d’une institution de promotion de la recherche et l’innovation. Son rôle est d’une  grande importance pour l’industrialisation du pays et aura sûrement un  impact positif sur le tissu industriel local, car cela permet une accélération de la modernisation des entreprises existantes d’une part et l’élimination des obstacles artificiels de la concrétisation des projets innovants d’autre part. 

Cette nouvelle orientation vient de s’ajouter à deux types de recherche, à savoir la recherche appliquée et la recherche fondamentale, tous deux sont l’affaire de scientifiques d’où la recherche se déroule dans des laboratoires exclusifs pour une certaine catégorie de scientifiques. 

Ce genre de recherche demande beaucoup de temps, d’investissement et de patience. Mais et pour bien juger la position et l’importance de l’innovation dans l’économie du pays, il serait obligatoire d’analyser en profondeur et objectivement  les réalités de cette discipline scientifique. Quels sont les obstacles et les handicaps ? 

Tout d’abord, on doit reconnaitre que la politique d’innovation, malheureusement, n’est pas prise sérieusement dans tous les programmes de développement économiques du pays et aussi on n’a pas réservé à ce créneau depuis l‘indépendance à ce jour les budgets nécessaires, importants et nécessaires.  

Aussi cette défaillance est ancrée dans la grande partie des entreprises tunisiennes, et ce, par manque de stratégie, de moyens et de tradition. Donc l’Etat et le privé n’ont pas bien compris l’importance de l’innovation dans l’essor du développement du pays. 

En ce qui concerne le privé, l’une des causes de cette défaillance est le manque d’enthousiasme qui est dû à la mauvaise interprétation de la culture d’entreprise, caractérisée comme traditionnelle et dominée par un certain individualisme. 

Les causes principales  sont surtout le manque de diligence et de réactivité aux nouveautés d’une part et aussi dû à une mentalité héritée de l’époque où l’industrie était protégée d’autre part. En un mot, le manque de vraies concurrences est aussi un facteur important quant à la stagnation de l’évolution économique dans son sens général.

Plusieurs entreprises tunisiennes n’ont pas les moyens nécessaires, en humain spécialisé et en matériel, pour adopter cette politique qui a fait le bonheur des entreprises gagnantes dans les pays technologiquement avancés.  

Cette situation a engendré la prolifération de plusieurs entrepreneurs qui croient au marché fermé et refusent toute concurrence étrangère d’où ils ont subi, par le temps, une sorte d’attaque concurrentielle surtout ils réagissent trop tard aux nouveaux événements commerciaux qui apparaissent sur le marché local. 

Par manque d’innovation, une bonne partie de ces entreprises ont été frappées par une sorte de stagnation et d’indifférence, qui ont accéléré leur chute et  se sont  retrouvées dans une position difficile, voire en état de faillite. 

La hiérarchie pyramidale est un inconvénient majeur pour le développement des nouvelles idées et la bonne marche  des activités économiques surtout si les décisions sont centralisées où le dernier mot revient, seulement, au chef d’entreprise. 

Ces entreprises  sont devenues avec le temps un fardeau pour l’économie nationale dont certaines d’entre elles n’ont fait aucun effort d’innovation pour sauver lesdites situations, puisqu‘elles sont habituées à agir en retard croyant qu’elles sont à l’époque de la protection douanière où tout est protégé.

Les vrais dirigeants sont ceux qui stimulent l’innovation et la considèrent comme un élément clef pour toute croissance, surtout dans un monde concurrentiel qui ne reconnaît aucune frontière ou logique et qui emploie, constamment, de nouvelles armes et emprunte de nouveaux chemins. 

L’innovation, et en conséquence son processus, est une affaire de chefs d’entreprises conscients qui incitent leurs collaborateurs à apporter des contributions directes sans aucune attente ou ralentissement.

Ce sont les chefs qui savent encadrer leur personnel et ne font aucune distinction d’hiérarchie. Pour eux, l’essentiel est d’écouter, d’analyser, de proposer, de recommander, de planifier et de concrétiser. Cet esprit mobilisateur a rendu le personnel plus volontaire et mieux disposé de faire mieux, car tous les employés sont devenus plus concernés et engagés en tant que partie responsabilisée de l’entreprise. Ce comportement est en fait générateur de plus d’idées d’innovation tant nécessaires pour le développement économique dans son sens général.

La Tunisie a besoin d’une nouvelle institution d’un nouveau type d’innovation, qui serait une opportunité pour toute personne ou entreprise qui s’occupe ou se préoccupe de l’innovation ou autrement est une sorte de vulgarisation de l’innovation qui est devenue plus proche de la réalité industrielle des pays avancés, car chacun peut contribuer à sa promotion, l’essentiel qu’il soit doté d’un esprit innovant et ayant des propositions sérieuses et vérifiables. 

Cette nouvelle orientation, basée sur l’innovation, est en fait un appel urgent pour toute personne intéressée d’y prendre part, quels que soit sa position et son niveau scientifique, chercheur universitaire, ingénieur ou simple salarié. 

De cette manière, on donne à l’entreprise tunisienne et l’économie d’une façon générale une opportunité réelle pour se lancer dans la voie de l’innovation avec les moindres coûts, autrefois était le monopole des puissants pays qui ont tous les moyens financiers qui leur permettent sa concrétisation. 

(*) Dr.Ing.Gen.

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