Tunisie : Youssef Chahed de la primature à la tête de la diplomatie ?

Maintenant on connait la date d’investiture du nouveau président de la république Kais Saied. Ce sera mercredi 23 octobre 2019 à 10h00 au siège de l’ARP convoquée pour une plénière exceptionnelle. Il prêtera serment et prononcera un discours avant de regagner Carthage où il sera reçu par l’actuel locataire, le président intérimaire Mohamed Ennaceur qui aura passé 90 jours au palais présidentiel, comme il l’a promis.
Saied va d’abord commencer par mettre en place son équipe, en premier lieu son directeur de cabinet, puis les conseillers, les chargés de mission et les attachés de cabinet. Il ne va certainement pas toucher à l’administration qui a toujours assuré la continuité. On dit que son frère Naoufel Saied qui l’a accompagné avant et durant la campagne est chargé de dénicher les « oiseaux rares ».
Mais la tâche la plus ardue pour le nouveau président consiste en la nomination des ministres des affaires étrangères et de la défense nationale, ses deux domaines réservés. Pour le moment, Saied s’est montré très discret. Il veut prendre tout son temps, consulter et examiner les demandes et les CV des prétendants. Sauf que pour la diplomatie, il semble avoir fait son choix dont le profil pourrait convenir au poste le plus prestigieux dans tout gouvernement. Le nouveau président, un néophyte en politique, sans aucune expérience en matière de la diplomatie, devra s’appuyer sur un homme d’expérience. La Tunisie est appelée à faire face à de nombreux défis sur le plan extérieur. C’est pourquoi, on parle de plus en plus de Youssef Chahed comme nouveau ministre des affaires étrangères. Ce dernier a soutenu le nouveau président becs et ongles et a même appelé à voter pour lui au cours du conseil national de son parti Tahya Tounes. Au cours des trois dernières années, il a rencontré plusieurs chefs d'état, visité de nombreux pays...Il est encore loin de l’âge de la retraite, il a 45 ans, et il aura l’occasion d’affuter davantage ses armes, placer ses proches et surtout éviter une traversée de désert qui pourrait durer longtemps et tuer en lui toute ambition future.
Sa nomination dans ce poste prestigieux ne saurait être considérée comme une dégradation. En France, par exemple, trois anciens premiers ministres ont été rappelés pour prendre la tête de la diplomatie. Le dernier d’entre eux est Jean Marc Ayrault, premier ministre de François Hollande de mai 2012 à mars 2014, avant qu’il ne soit appelé à succéder à Laurent Fabius en février 2016 jusqu’à la fin du mandat de Hollande. Son prédécesseur Fabius a été le plus jeune premier ministre de la France entre juillet 1984 et mars 1986, du temps de François Mitterrand. Il a même été ministre de l’économie et des finances dans le gouvernement socialiste de Lionel Jospin entre mars 2000 et mai 2002. Un autre premier ministre est passé au quai d’Orsay après avoir été à Matignon. Il s’agit d’Alain Juppé qui a été le dernier chef de la diplomatie de Nicolas Sarkozy de février 2011 à mai 2012, après avoir été premier ministre de Jacques Chirac de mai 1995 à juin 1997. Il a également été ministre de la défense (novembre 2010-février 2011) et éphémère ministre de l’écologie pendant un mois( mai-juin 2007).
En Tunisie, nous avons un précédent, celui de Rachid Sfar qui été l’avant dernier premier ministre de Bourguiba de juillet 1986 à octobre 1987, avant d’être remplacé par Ben Ali, un mois avant la destitution du président. Sfar, qui était également député, a été désigné président de la chambre des députés entre octobre 1987 et octobre 1988. Puis il a été nommé ambassadeur à Bruxelles pour représenter la Tunisie auprès de la Communauté européenne de 1988 à 1992, avant d’être rappelé à Tunis pour prendre en charge, de 1993 à la présidence d'un Haut Comité pour le contrôle administratif et financier. Il a fini sa carrière comme membre de la chambre des conseillers entre 2005 et 2011.
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