Un gouvernement inégalitaire avec 3 ministres femmes sur 28

Un gouvernement inégalitaire avec 3 ministres femmes sur 28

 

« La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » Françoise Giroud

Dernièrement et depuis le 13 août dernier et suite au discours historique du président de la république Béji Caid Essebsi sur l’égalité dans l’héritage on ne parlait qu’égalité entre la femme et l’homme. Or avec l’annonce du second gouvernement de Youssef Chahed ce discours a été démenti. Ainsi on compte trois femmes ministres sur un total de 28 et qui de surcroît occupent des postes moins stratégiques. Les ministres, Samia Meraï, Hela Cheickh Rouhou et avant elles Lamia Zeribi ainsi que la secrétaire d’état à la jeunesse Faten Kallel sont passés à la trappe. Tandis que Selma Elloumi Rekik, Naziha Laabidi et Madjouline Cherni et la secrétaire d’état Saida Lounissi conservent leurs portefeuilles. Deux nouvelles nominations su poste de secrétaires d’état sont venues s’ajouter aux autres membres du gouvernement, Sarra Rejeb au transport et Sonia Bescheikh à la santé. Soit trois secrétaires d’état femmes sur 15.  On est encore loin de la parité parfaite. Aucun poste régalien n’est attribué à une femme. Comme quoi, il est plus facile de proclamer l'égalité que de la réaliser.

Historiquement, les femmes ont été tenues à l’écart des instances du pouvoir. Même si ce constat de la sous-représentation des femmes en politique est aujourd’hui largement partagé et déploré, la politique reste un univers largement dominé par les hommes, que ce soit au niveau local ou national.

Car la « domination masculine » en politique ne va pas de soi. L’absence de représentation égale des femmes et des hommes dans le processus de prise de décision politique est une violation du droit fondamental à l’égalité hommes/femmes.

Encore aujourd’hui, les femmes doivent affronter une multitude d’obstacles pour entrer en politique. Des études expliquent la sous-représentation des femmes par des entraves structurelles causées par des pratiques discriminatoires :

  • Les barrières socioculturelles : poids des préjugés et perceptions culturelles concernant le rôle des femmes ;
  • Le fonctionnement des partis politiques : manque de promotion des candidates, difficulté à obtenir une position éligible ;
  • Le système électoral qui limite le renouvellement du personnel politique.

Là où se concentre le pouvoir et les influences, les préjugés ont la vie dure. Les femmes ne seraient pas assez ambitieuses, n’auraient pas les qualités requises pour être de bons politiques nous expliquent les hommes politiques tenants le pouvoir.

L'article 4 de la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes autorise l'adoption de mesures temporaires spéciales visant à accélérer l'instauration d'une égalité de fait entre les hommes et les femmes. Dans le Programme d'action, il est demandé aux gouvernements et aux partis politiques de réaliser l'égalité d'accès des femmes aux structures du pouvoir et aux postes de décision, au besoin par des objectifs chiffrés et des mesures de discrimination positive.

Si l’objectif fixé par la constitution est une représentation paritaire, qui s’accomplisse naturellement par la voie de l’élection, vu les chiffres, je demeure convaincu qu’il ne suffit pas d’attendre l’évolution des mentalités et des habitudes. Il faut imposer les quotas obligatoires faute de quoi l’objectif ne sera jamais atteint.

Il nous semble que la représentation paritaire des femmes et des hommes à la vie politique est l’un des fondements de la démocratie. Il ne saurait y avoir de démocratie sans un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques où hommes et femmes agissent dans l'égalité et la complémentarité, s'enrichissant mutuellement de leurs différences. Et sa réalisation est une question de volonté politique.

Le Président, le Premier Ministre et les partis politiques devraient prendre conscience que les femmes constituent une clientèle électorale importante, dont il est nécessaire de prendre en compte les préoccupations et qu’il convient d’associer aux postes de prise de décisions.

Mesdames ne vous laissez pas voler votre place dans les cercles de décision politique. On n’a rien sans rien. La révolution, une chance pour les femmes Tunisiennes. Chacune de vous est la Tunisie et vous êtes l’avenir du pays. Faites le savoir par votre contestation et par votre bulletin de vote. Le combat pour l’égalité dans les postes de décision est permanent.

Il y a 35 ans, dans une interview au journal Le Monde daté du 11 mars 1983, Françoise Giroud disait, non sans intention provocatrice « La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente."

A.Klai

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