Une pause pour rompre le jeûne, interdite en France, n’est-ce pas un signe d’intolérance !

Une pause pour rompre le jeûne, interdite en France, n’est-ce pas un signe d’intolérance !

Dans un mail envoyé à ses arbitres, la Fédération française de football a rappelé qu'il était interdit d'interrompre le jeu pour permettre aux joueurs de rompre leur jeûne. En cas de contravention, la FFF menace les contrevenants de possibles "poursuites disciplinaires et/ou pénales".

"Il a été porté à la connaissance de la Fédération des interruptions de matchs suite à la rupture du jeûne du ramadan. Ces interruptions ne respectent pas les dispositions des statuts de la FFF", débute le mail signé par le président de la Commission des arbitres de la FFF Eric Borghini, dont des arbitres amateurs ont publié des captures écran sur les réseaux sociaux.

La Fédération justifie ce rappel en mettant en avant l'article 1er de ses statuts. Celui-ci précise notamment que "la Fédération et ses organes déconcentrés, en tant qu'organes chargés d'une mission de service public délégué par l'État, défendent les valeurs fondamentales de la République française". À ce titre, elle interdit "tout discours ou affichage à caractère politique, idéologique, religieux ou syndical", comme "tout acte de prosélytisme ou manœuvre de propagande". Le mail évoque aussi la charte d'éthique et déontologie du football qui rappelle "qu'un terrain de football, un stade" ne sont pas des lieux d'expression politique et religieuse.

Dans le mail adressé aux arbitres, la FFF prévient que "toute personne contrevenant à ces dispositions fera l'objet de poursuites disciplinaires et/ou pénales". Une politique qui contraste fortement avec celle mise en place en Premier League et dans les divisions inférieures en Angleterre. Dans ce pays cette année, les arbitres ont la possibilité d'interrompre le jeu pendant le mois du ramadan pour permettre aux footballeurs concernés de se restaurer rapidement si la rupture du jeûne tombe en plein match.

Cette position française tranche avec celle des autres pays européens plus tolérants en la matière. Les Anglais comme les Allemands n’ont pas ces scrupules puisque dans ces pays le musulman peut afficher ses croyances religieuses y compris lors du mois de Ramadan au cours duquel ils observent les jeûne pendant les heures de la journée entre le lever et le coucher du soleil.

En faisant de la laïcité une quasi-religion, les Français font un faux usage en exagérant les limites de cette laïcité puisque celle-ci ne refuse pas l’exercice des pratiques religieuses mais au contraire tolère toute pratique, tant qu’elle ne constitue pas une remise en question de la liberté des autres.

D’ailleurs la tolérance des Anglais ou des Allemands va jusqu’à permettre que dans l’espace public, les différences religieuses puissent trouver leur place. Ainsi il n’est pas surprenant de voir dans les rues de Londres, des placards publicitaires ou des éclairages multicolores sont déployés à la gloire de « Ramadan Kareem » comme c’est le cas pour le Christmas, les fêtes de Noël ou de la Saint Sylvestre.

Cette tolérance a permis d’ailleurs à un fils d’immigré indien de devenir Premier ministre de Sa Majesté le Roi de Grande Bretagne, de même qu’il a donné sa chance à un ex-ressortissant pakistanais de prétendre au titre de Premier ministre d’Ecosse devenant le premier musulman à se hisser à cette haute fonction exécutive dans le pays de Baltimore où la Reine Elizabeth II avait passé ses derniers instants.

En France, l’intolérance et le refus de l’autre n’ont généré que la xénophobie et fait le lit de l’extrême droite. Il est inimaginable de voir un musulman se porter aux hautes fonctions dans le pays des droits de l’Homme et des libertés. Car il n’a pas le droit de disposer d’une courte pause pour pouvoir rompre son jeûne.

A méditer
RBR

Votre commentaire