Youssef Chahed doit être un rassembleur et non un diviseur

Youssef Chahed doit être un rassembleur et non un diviseur

 

Des voix s’élèvent ici et là pour protester contre le fait qu’elles n’aient pas été associées aux consultations sur la formation du gouvernement par Youssef Chahed. D’autres se taisent alors qu’elles n’en pensent pas moins. Ainsi a-t-on entendu les critiques virulentes de la coordinatrice générale du Mouvement destourien Abir Moussi qui n’a pas sa langue dans sa poche. Elle semble dans son bon droit d’autant que d’autres destouriens ont été consultés et même qu’ils pourraient faire partie du prochain gouvernement.

Le bâtonnier de l’Ordre national des avocats Me Ameur Meherzi n’a pas admis lui aussi que le Conseil de l’Ordre qu’il préside ait été exclu des consultations alors qu’il a toujours fait partie des institutions majeures de la république. Son prédécesseur Me Mohamed Fadhel Mahfoudh était partie prenante du « Dialogue national » et s’est vu attribuer le Prix Nobel de la Paix en compagnie des autres grandes organisations de la société civile. Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme Me Abdessatar Ben Moussa qui n’a pas été associé aux consultations doit penser la même chose.

Les partis politiques qu’ils soient représentés à l’Assemblée des représentants du Peuple ou pas auraient dû être également associés aux consultations. Que ce soit Tayyar Mahaba de Héchmi Hamdi, Harak Tounés al-Irada de Moncef Marzouki ou Tayyar dimocrati des époux Abbou, il n’aurait servi à rien de les exclure. Peut-être même qu’ils déclineront l’invitation comme l’a fait le Front populaire. Ainsi Youssef Chahed ne pourrait pas être accusé de faire la politique des deux poids deux mesures. Car il n’est pas certain que ce soit apprécié qu’il reçoit longuement et plutôt deux fois qu’une des députés qui ne représentent qu’eux-mêmes alors qu’il ne fait pas grand cas de partis qui comptent plusieurs représentants au Parlement.

Des organisations de la société civile comme al-Bawsala ou I Watch auraient dû être également appelées à donner leur avis d’autant plus qu’elles assument un rôle de contrôle de la société politique. Cela lui aurait évité d’être critiqué pour avoir reçu tel journaliste ou tel président d’une organisation dont la représentativité est sujette à caution. La Constitution donne au chef du gouvernement désigné un mois pour finaliser ses consultations.

Faire vite est bien mais il n’y a de raison de se précipiter. Entendre le plus grand nombre est toujours utile. En tout cas il n’est nullement bon de se faire des ennemis avant d’avoir commencé. Le chef du gouvernement d’union nationale doit être un rassembleur.

La Tunisie a aujourd’hui besoin plus que jamais du rassemblement de toutes ses forces vives sans exclusion ni marginalisation. De toute façon la division n’est jamais de bon augure.

R.B.R.

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