67 journalistes tués en un an, près de la moitié à Gaza, alerte Reporters sans frontières

67 journalistes tués en un an, près de la moitié à Gaza, alerte Reporters sans frontières

Reporters sans frontières (RSF) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : 67 journalistes ont été tués entre le 1ᵉʳ décembre 2024 et le 1ᵉʳ décembre 2025, dont près de la moitié dans la bande de Gaza, « sous le feu des forces armées israéliennes », dénonce l’organisation dans son bilan annuel publié mardi 9 décembre.

Un bilan mondial reparti à la hausse

Après un recul notable en 2023 (49 morts, l’un des chiffres les plus bas en vingt ans), les pertes humaines ont brusquement augmenté. RSF attribue cette hausse aux pratiques criminelles de diverses forces armées, régulières ou non, et aux violences du crime organisé.
« Les journalistes ne meurent pas, ils sont tués », rappelle l’organisation, pour souligner la dimension intentionnelle de ces attaques.

Une répression qui s’intensifie

À ces meurtres s’ajoute un état des lieux alarmant :

503 journalistes sont actuellement emprisonnés dans 47 pays, dont 121 en Chine, 48 en Russie et 47 en Birmanie.

135 journalistes sont portés disparus, parfois depuis plusieurs décennies.

20 reporters restent otages, principalement en Syrie et au Yémen.

Ce bilan intervient quelques jours seulement après la condamnation en Algérie du journaliste français Christophe Gleizes à sept ans de prison pour « apologie du terrorisme ».

Gaza, un cimetière pour les reporters

Avec 29 journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions dans la bande de Gaza ces douze derniers mois, RSF accuse frontalement :

« L’armée israélienne est le pire ennemi des journalistes. »

Depuis octobre 2023, l’organisation a comptabilisé au moins 220 morts parmi les professionnels des médias dans le territoire palestinien, qu’ils soient tombés en mission ou en dehors de leur travail.

RSF accuse l’armée israélienne de ciblages délibérés, en violation du droit international, et rappelle avoir déposé plusieurs plaintes pour crimes de guerre. L’organisation rejette notamment les accusations d’Israël qui avait qualifié le reporter d’Al-Jazira Anas Al-Sharif de « terroriste se faisant passer pour un journaliste » après l’avoir tué lors d’une frappe en août.

Pour Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF :

« Il ne s’agit pas de balles perdues. Ce sont des journalistes visés parce qu’ils informent le monde. »

Autres zones noires : Mexique, Ukraine, Soudan

Le Mexique enregistre sa pire année depuis au moins trois ans, avec neuf journalistes assassinés, malgré les engagements de la nouvelle présidente Claudia Sheinbaum. Les victimes couvraient l’actualité locale, dénonçaient le crime organisé ou ses liens avec les autorités, et avaient reçu des menaces explicites.

L’Ukraine (trois journalistes tués, dont le photoreporter français Antoni Lallican) et le Soudan (quatre morts) restent également des terrains particulièrement meurtriers.

Des chiffres qui varient selon les organisations

Les données diffèrent selon les sources et les méthodologies : l’Unesco recense ainsi 91 journalistes tués dans le monde en 2025, un chiffre supérieur à celui de RSF.

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