Adoption de la loi portant sur le « recrutement dans le secteur public » : populisme ou coup d’épée dans l’eau

Adoption de la loi portant sur le « recrutement dans le secteur public » : populisme ou coup d’épée dans l’eau

 

Par 159 voix favorables et 18 abstentions, l’assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté mercredi en plénière le projet de loi portant sur les mesures exceptionnelles de recrutement dans le secteur public. Ce texte controversé doit assurer aux diplômés de l’enseignement supérieur sans emploi, dont la durée du chômage est de plus de 10 ans, le droit de recrutement direct dans le secteur public selon des critères prédéterminés.

L’examen, mercredi matin de ce projet de loi, a été marqué par un climat de tension, incitant à la levée de la séance plénière pendant quelques minutes pour reprendre par la suite les travaux. Les points de vue des députés étaient partagés entre ceux qui estiment que cette loi permettra d’ouvrir la voie vers le recrutement des diplômés du supérieur sans emploi alors que d’autres élus considèrent que cette loi est ” illusoire “.

Ce texte repose sur le populisme et a été approuvé sous la pression des sans-emplois rassemblés devant le Parlement. Il a été pris en dépit de l’opposition du gouvernement qui estime que le moment n’est pas opportun pour des recrutements au sein de la fonction publique au moment où la masse salariale a dépassé les plafonds convenus. Sans la mobilisation de l’autorité publique ce texte restera lettre morte, car il a besoin pour être mis en œuvre de décrets d’application qui tarderont à venir.

De même, il s’agit d’un détournement de l’action de l’Etat. Celui-ci a des obligations envers les citoyens, leur dispenser l’enseignement ou la formation, mais il n’est pas tenu de leur garantir un emploi y compris dans la fonction publique.

Le recrutement au sein de celle-ci est soumis à la sélection par concours offrant à tous une égalité des chances. Comment dès lors, prévoir des mesures exceptionnelles qui peuvent ouvrir la voie à tous les abus. Puis des diplômés au chômage depuis plus de dix ans sont-ils en mesure d’être utiles à l’administration publique déjà surchargée.

Selon certaines études, le fonctionnaire tunisien ne travaille que quelques minutes par jour, ce qui est dérisoire. A moins de leur offrir un emploi fictif pour lequel ils seront payés à ne rien faire.

Ce ne sera en fin de compte qu’un coup d’épée dans l’eau donnant de faux espoirs aux diplômés sans emploi. Ce sera un autre motif pour des sit-ins et des protestations appelant à la mise en application de cette loi.

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