Affaire Jawher Ben Mbarek : le bâtonnier des avocats dénonce des violations du droit de visite et appelle à une réunion d’urgence

Affaire Jawher Ben Mbarek : le bâtonnier des avocats dénonce des violations du droit de visite et appelle à une réunion d’urgence

Le bâtonnier des avocats, Boubaker Belthabet, a convoqué en urgence le Conseil de l’Ordre national des avocats de Tunisie afin d’examiner les récents développements liés à l’interdiction faite à plusieurs avocats de rendre visite au détenu Jawher Ben Mbarek, parmi lesquels figure sa sœur, Me Dalila Msaddek, dans la prison de Belli (gouvernorat de Nabeul).
Selon le bâtonnier, ces avocats se sont vu refuser l’accès à leur client ou leurs autorisations de visite ont été jugées invalides, alors même qu’elles demeuraient valables pour une durée de quinze jours.

Dans un communiqué publié mercredi soir, le bâtonnier a appelé les autorités judiciaires compétentes, notamment le ministère public près la Cour d’appel de Tunis et la direction de la prison de Belli, à intervenir immédiatement pour déterminer les responsabilités dans ces violations manifestes de la loi.
Il a rappelé la nécessité absolue de respecter les lois en vigueur, sans les contourner par des instructions administratives opaques ou non fondées.

Me Belthabet a fermement dénoncé toute atteinte au droit de la défense, quel qu’en soit le prétexte, soulignant que ce droit est protégé par les textes en vigueur et ne peut en aucun cas être restreint ou suspendu.
Il a également exprimé son étonnement face à l’attitude du ministère public et de l’administration pénitentiaire, qui, selon lui, ont violé de manière explicite les lois en vigueur en refusant de délivrer ou d’exécuter des autorisations de visite valables, en contradiction avec les dispositions légales qui garantissent au détenu le droit fondamental de rencontrer son avocat.

De son côté, Me Dalila Msaddek a confirmé qu’elle n’a pas pu obtenir d’autorisation pour rendre visite à son client et frère, Jawher Ben Mbarek, ce mercredi.
Pour sa part, Me Lobna Mejri, membre du Conseil national de l’Ordre des avocats, a indiqué s’être rendue à la prison de Belli le même jour, munie d’une autorisation délivrée par le parquet général près la Cour d’appel de Tunis le 6 novembre, valable quinze jours.
Cependant, après une longue attente, elle n’a pas été autorisée à voir son client, sous prétexte qu’elle devait présenter une nouvelle autorisation datée du jour même — sans que la précédente lui soit restituée, ni annulée officiellement.

Par ailleurs, Me Hanen Khemiri, membre du collectif de défense de Jawher Ben Mbarek, en grève de la faim depuis le 29 octobre pour dénoncer les conditions de sa détention, a annoncé mercredi lors d’une conférence de presse au siège du Parti républicain avoir déposé une plainte auprès du premier procureur général près la Cour d’appel de Tunis, concernant un cas de torture que son client aurait subi la veille en prison.
Selon l’avocate, la plainte nomme les agresseurs présumés, et les traces de violences graves sur le corps du détenu sont visibles. Ben Mbarek aurait affirmé avoir été frappé et roué de coups par six détenus de droit commun, sur ordre de quatre agents pénitentiaires et du chef de son pavillon, qui l’auraient emmené dans un lieu hors de portée des caméras de surveillance avant de le battre jusqu’à ce qu’il perde connaissance.

Dans un développement connexe, une source judiciaire a confirmé à l’Agence TAP que le Parquet du tribunal de première instance de Tunis a ordonné l’ouverture d’enquêtes judiciaires à l’encontre de trois avocats, à la suite de plaintes déposées par la Direction générale des prisons et de la rééducation.
Ces plaintes portent sur la diffusion supposée de “fausses informations” concernant les grèves de la faim dans les établissements pénitentiaires et la propagation de données erronées sur la dégradation de l’état de santé de certains détenus “se déclarant grévistes de la faim”.

TAP

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