Anniversaire de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique: Les États membres dressent un bilan

Anniversaire de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique: Les États membres dressent un bilan
 
 
Une réunion d'information s’est tenue au Siège de l'UNESCO le 9 mai 2016, marquant le 15e anniversaire de la Convention de 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, et permettant une révision de sa mise en œuvre.
 
En 2001, l’adoption de  la Convention sur le patrimoine subaquatique était une réponse de la Conférence générale de l'UNESCO à la nécessité urgente de préserver toutes les traces d'existence humaine qui reposent ou ont reposé sous la surface et présentant un aspect culturel ou historique. Cette convention vise à assurer la sauvegarde du patrimoine sous-marin et à lutter contre le pillage et l'exploitation commerciale des sites sous-marins, en anticipant, entre autres, la fouille illégale d'objets dans le but d’en tirer un profit commercial. 
 
Entrée en vigueur en 2009 et comptant maintenant 55 États parties, la Convention "est devenue un point de référence mondial pour l'établissement de normes de préservation du patrimoine culturel subaquatique, mais elle ne peut déployer tout son potentiel que grâce à une ratification universelle», expliquait Mechtild Rossler, Directrice de la Division du patrimoine de l'UNESCO, en ouvrant la session. Elle a également souligné l'importance d’une plus large ratification des Etats à la Convention et du développement de synergies avec les autres conventions culturelles de l'UNESCO concernant les sites du patrimoine mondial et le trafic illicite de biens culturels.
 
Reconnaissant que beaucoup de choses ont  été accomplies, la réunion a dressé un bilan sur l'impact de  la Convention, particulièrement par rapport à la collaboration du Conseil consultatif scientifique et technique (en anglais,  Scientific and Technical Advisory Body : STAB) dont les douze experts de renommée internationale viennent en aide aux pays qui souhaitent protéger leur patrimoine subaquatique.
 
Alejandro Palma Cerna, Président de la Réunion des États parties à la Convention, a proclamé que « les impacts négatifs du pillage, du chalutage, de la récupération illégale d’artefacts, de l'exploitation commerciale, du développement industriel et de l'exploitation des ressources océaniques affectent la conservation. Les gouvernements doivent créer un cadre juridique et renforcer les capacités nationales pour faire  appliquer des mesures d'atténuation. Le comité consultatif a prouvé son importance, en aidant des  sites nécessitant une attention urgente et en renforçant la  sauvegarde du patrimoine sous-marin qui est notre héritage commun ".
 
 Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention, l’archéologue Michel L'Hour (France) a parlé de la mission d’urgence du STAB en 2015 portant sur le patrimoine au large des côtes de Madagascar,  endommagé par un chasseur de trésor américain. La mission a révélé que les prétendues découvertes et  techniques de conservation issues de  haute technologie des chasseurs de trésor étaient trompeuses, et visaient à obtenir une visibilité médiatique et à faire un film. «L'étude scientifique et la conservation d'une épave ne peut être assurée  que  par une expédition de recherche archéologique ayant des normes adéquates. 
 
Les gouvernements doivent faire d’avantage pour empêcher les chasseurs de trésors d’endommager les sites, car les archéologues ne peuvent plus travailler correctement après la destruction des données engendrée par le passage des pilleurs »  expliquait l’Archéologue Xavier Nieto Prieto (Espagne) en présentant la mission d'urgence du STAB sur l'épave du San José au large des côtes du Panama. Il a également souligné l’importance d’attirer plus d’attention sur ces sujets, et la nécessité  pour les États d’investir dans la création d’équipes scientifiques. " Les pilleurs agissent depuis des années en toute impunité, mais ils savent désormais que les archéologues du STAB révéleront la vérité sur leurs actions à l’aide de rapports scientifiques, et leurs investisseurs ne voudront de toute façon plus financer des fouilles illégales que les scientifiques et l'UNESCO dénonceront" précisait Xavier Nieto Prieto.
 
Le rôle important de la Convention de 2001 pour contribuer à la paix et à la réconciliation a été abordé, en particulier avec l'exemple d'un manuel d'enseignement sur le patrimoine sous-marin lié à la Première Guerre mondiale. La réunion a également souligné l'impact du changement climatique sur le patrimoine sous-marin, en particulier  dû  à  l'élévation du niveau de la mer et à  l'accélération de l’érosion, qui nécessite des mesures de prévention ciblées. 
 
Pour tous les sujets abordés, la nécessité d'une coopération internationale sur la Convention reste cruciale. Pour se préparer à l'avenir, une réunion de travail pour les États parties à la Convention a eu lieu juste après la séance d'information, et a examiné une nouvelle stratégie d’application et de ratification. La prochaine étape du travail de la Convention sera  la septième réunion du STAB au Siège de l'UNESCO le 10 mai 2016 et la réunion du réseau UNESCO UNITWIN pour l’archéologie sous-marine les 11 et 12 mai 2016.
 
 
 

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