Après le désistement de K. Ghariani : la politique, des actes et des symboles

Après le désistement de K. Ghariani : la politique,  des actes et  des symboles

 

En se désistant volontairement du poste qu’on lui a attribué Khalil Ghariani a enlevé une épine du pied du Chef du gouvernement Youssef Chahed. L’acte grandit son auteur. Poussé à renoncer par son entourage ou la présidente de son organisation ou les deux ou bien l’ayant fait de son propre chef, l’ex-candidat-ministre a montré des qualités morales et de don de soi dont peu de gens peuvent se prévaloir en politique. Sans avoir jamais assumé de responsabilités publiques, il se situe au dessus du lot d’une classe politique soucieuse plus de ses propres intérêts que de ceux du pays et de la communauté nationale.

En renonçant à un poste ministériel qu’on lui a servi sur un plateau, Khalil Ghariani a fait preuve d’un courage peu commun. Par son geste, il a éteint un début d’incendie qui aurait pu se développer et s’étendre jusqu’à venir à bout de cette concorde nationale qui fait la force et la singularité de notre nation. On lui doit pour cela une fière chandelle. Son acte salvateur le promeut pour le futur dans des responsabilités encore plus importantes.

L’acte de Khalil Ghariani et les symboles qui lui sont attachés doivent être néanmoins comparés à ceux inhérents à la décision de Youssef Chahed de le nommer aux fonctions qu’il a enfin refusées. Personne ne trouvait rien à redire de l’acte d’éviction de l’ancien ministre Abid Briki de sa précédente responsabilité. Mais nombreux sont ceux qui ont trouvé pour le moins curieux qu’il n’ait trouvé d’autre pour remplacer l’ancien syndicaliste qu’un dirigeant en titre de la centrale patronale. Il a beau juré que le choix ne reposait que sur les compétences avérées du nouveau (et déjà ex-candidat) ministre, quand bien même elles sont réelles, personne ne pouvait le croire.

Comment n’a-t-il pas pensé que cette nomination pouvait être perçue comme une provocation par la centrale syndicale. Pourtant il ne faut être grand clerc ni un analyste confirmé pour le deviner. Nommer un patron à la place d’un syndicaliste cela n’a rien d’étrange. Mais nommer un patron à la pace d’un syndicaliste à la tête du ministère de la fonction publique voilà qui fait désordre. De plus le faire en réaction à une menace de démission de la part du syndicaliste, cela donne trop de symboles à la fois dont il ne faut pas mésestimer l’ampleur.

Youssef Chahed est un jeune loup de la politique. S’il veut avoir une longue carrière dans la gestion de la chose publique, il doit savoir que la politique ce n’est pas seulement l’art du possible. Ce n’est pas une suite de décisions à prendre ou des arbitrages à arrêter. La politique ce sont des actes à mettre en place. Mais pour en tirer les meilleurs effets, il importe d’en anticiper et en déchiffrer les symboles. La symbolique est capitale en politique. Il faut toujours s’en souvenir.

RBR

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