ARP : même malmenée, Sihem Ben Sedrine sort vainqueur!

ARP : même malmenée, Sihem Ben Sedrine sort vainqueur!

 

La présidente de l’Instance Vérité et Dignité Sihem Ben Sedrine a passé de mauvais moments à l’Assemblée des représentants du peuple, lors de débats, durant la journée de mercredi 7 décembre, sur le budget de l’Instance. La plupart  des députés ne l’ont pas ménagé de leurs critiques, souvent, acerbes et sous formes d’attaques directes. Seuls les membres du groupe d’Ennahdha et du courant démocratique se sont évertués à la défende becs et ongles, leur apportant un soutien indéfectible. Plusieurs députés sont allés jusqu’à réclamer sa démission l’accusant d’être « responsable du dérapage du processus de la justice transitionnelle ».

Ils ont regretté que « l’Instance demeure hors de contrôle ». Selon eux, l’Assemblée nationale constituante (ANC) avait conféré à l’IVD une immunité parlementaire, ce qui explique l’attitude arrogante de la présidente de l’Instance.

« Sihem Ben Sedrine est subjectif et a échoué à être une personnalité consensuelle », ont-ils lancé.

D’autres députés ont un autre avis. Ils estiment que l’IVD est indépendante et que Sihem Ben Sedrine joue un rôle clé dans le processus de la justice transitionnelle.

Tout en regrettant de voir l’IVD se transformer en un instrument de règlement de comptes politiques, le député Mustapha Ben Ahmed (Al-Horra) a critiqué le non-respect par la présidente de l’Instance des décisions du Tribunal administratif.

Selon le député Slaheddine Bergaoui (Al-Horra), la position des Tunisiens vis-à-vis de la justice transitionnelle a été significativement ébranlée par la présence de Ben Sedrine à la tête de l’Instance « Vérité et Dignité ».

Le député Walid Jalled (Al-Horra) a demandé à la présidente de l’IVD de démissionner pour sauver le processus de la justice transitionnelle.

D’après lui, Ben Sedrine a fait de l’Instance un instrument de tiraillements politiques en raison de sa personnalité « provocante » et « partiale ».

Pour le député Sahbi Ben Fraj (Al-Horra), la critique de l’Instance ne signifie point un refus de la justice transitionnelle. Il a rappelé que l’ANC avait conféré à l’IVD une immunité qui l’a placée au-dessus de la loi

Quant aux députées du Mouvement Nidaa Tounes, respectivement Fatma Mseddi et Néjia Abdelhafidh ont fait état de suspicions de corruption et d’extorsion au sein de l’Instance.

A ce propos, elles ont appelé l’ARP à ouvrir une enquête pour révéler toute la vérité à ce sujet et réclamé la démission de Sihem Ben Sedrine.

Le député du Front populaire, Adnène Hajji a affirmé que l’IVD n’est pas hors de contrôle et que l’on doit être au courant de tout ce qui ce passe au sein de l’Instance.

D’après la députée Hajer Bescheikh (Afek Tounes), le dossier de l’IVD doit être soumis à la Cour des comptes. Elle a également estimé indispensable de ne pas exploiter les victimes du passé pour diviser l’opinion publique.

De son côté le député du Mouvement Ennahdha, Houcine Jaziri s’est prononcé contre les règlements de comptes et les divisions, plaidant en faveur du consensus qui, d’après lui, « avait permis au pays de sortir de sa crise ».

Quant au député du Courant démocratique Ghazi Chaouchi, il a regretté de voir la discussion du projet de budget de l’IVD se transformer en un procès pour juger Ben Sedrine

« Dotée d’une personnalité morale, l’Instance est indépendante et s’acquitte de sa mission en toute neutralité. Nul ne peut s’immiscer dans ses affaires », a-t-il dit.

« Il n’y a non plus aucun article qui impose un quelconque contrôle sur les travaux de l’Instance », a-t-il expliqué.

Dans ses réponses, Sihem Ben Sedrien a esquivé les questions des parlementaires et s’est lancée dans un « cours académique », comme pour narguer les députés. Ce qui a amené le groupe parlementaire de Nidaa Tounes à quitter l’hémicycle en signe de protestation.

Il est à rappeler que le projet du budget de l’IVD  a, finalement, été adopté avec 121 voix pour, 28 contre et 21 abstentions.

Le budget alloué à l'IVD, pour l'exercice 2017, s'élève à 10,9 millions de dinars. L'instance réclame, quant à elle, une enveloppe de 27 millions de dinars.

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